Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

vendredi 9 avril 2010

"Au temps du roi Edouard" Vita Sackville -West

- Combien de temps y aura-t-il encore des gens comme nous Sébastien ? Et des endroits comme Chevron ? P 166


Vita avait signé là un portrait délicieusement méchant de l'aristocratie qui sort enfin du joug victorien et qui pourtant allait se fracasser durant la première guerre mondiale. Sébastien, un jeune héritier  va poursuivre son destin à travers ces familles comme s'il était dans une pièce de théâtre. Les trahisons, l'Etiquette, les protocoles... Les petites aventures, les secrets familiaux. Un roman social, avant l'heure, d'une étonnante vérité et modernité. Pourtant il serait bien censuré à cause de certains propos anti sémites. Une plume acide, sans concession. Je conseille à toutes les lectrices de découvrir les écrits de Vita, une femme résolument moderne, qui a su allier humour grinçant et littérature. Une femme avant gardiste. On est bien loin des écritures insipides d'écrivaillones qu'on supporte actuellement.

Ce livre, loin d'être anthropologique et vieillot voire dépassé est encore d'actualité quand on constate comment se comporte certains Jet Seteurs, fils ou filles d'aristocrates. 

Bureau de Vita
"Voilà une vingtaine d'êtres,songeait-il, qui, en raison de leur situation, ont toujours été les intimes des princes, des hommes politiques, des financiers, des beaux esprits, des coquettes et autres bâtisseurs de l'histoire et qui, apparemment, se contentent de bavardages décousus et d'occupations factices pendant toutes les lentes heures d'une journée oisive. On ne pouvait même pas se dire que leurs plaisirs des autres jours  fussent différents, ou que leurs week ends leur apportassent un délassement bien mérité après une vie plus pleine et plus ardente. Tous leurs jours étaient pareils, avaient été pareils depuis une éternité ; non seulement pour eux, mais pour toute la lignée de leurs ancêtres. Voyons, songeait Anquetil, ouvrant soudain les yeux sur une vérité qui ne lui était pas encore apparue, ce monde a toujours existé. Etrange tour de passe passe qui projette tout à coup certains visages en pleine lumière, au point qu'ils sont familiers à la femme de l'employé de banque et que leurs faits et gestes font mourir d'envie la fille du pharmacien de South Kensigton ! De quel étrange éclat le système est paré ! Insolente imposture ! Et qsur quoi fondent-ils leurs prétentions ?...

... - Si c'est là le monde, pensa Anquetil, Dieu nous aide, car nulle imposture n'a jamais égalé celle-ci ! Voilà des gens, ou le type de gens qui consacrent la saison de Londres, font la gloire d'Ascot, donnent ou retirent la vogue aux petites villes d'eaux du continent, inpirent l'envie, l'émulation, le snobisme... Bah ! Songea-t-il, en haussant les épaules, ils dépensent leur argent, et c'est tant mieux qu'on puisse en dire... !

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