Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

mercredi 16 décembre 2009

"Avant que t'oublie tout" Claude Sarraute & Laurent Ruquier



Excellent livre de discussion... Cela m'a fait penser à François Nourissier et sa discussion dans le livre "Mauvais genre". Je me doute que Claude a du bien pensé à ce titre.
Qu'est ce que l'on connaît de Claude, mis à part ses poses de mamie faussement naïve. Cette mamie au tutoiement facile. A l'éternel sourire, toujours prête à s'autoflageller, la reine de l'autodérision. On arriverait à se dire qu'elle est l'idéale, le genre de mamie que l'on voudrait être en vieillissant.
J'ai beau avoir lu ses livres, aucune réponse sur cette charmante dame, roublarde n'en est sorti.
J'ai donc lu ce livre avec une passion certaine. Plus qu'un entretien, des leçons de vie, voire de survie dans certaines situations. On passe de la petite fille qui recherchait en vain l'amour de sa mère, et qui ne le trouve pas. La tentative de viol qu'elle a du subir de la part du meilleur ami de son père. Ses mariages, sa dramatique fausse couche. Ses rapports avec ses enfants. L'alcoolisme et les infidélités de son mari l'académicien Revel. Puis pour finir, ses rapports avec la mort, la solitude de la veuve, la solitude des personnes âgées. On découvre que les pauvres n'ont pas le monopole de la solitude. Attention, pas une plainte, jamais larmoyante, de l'émotion contenue. Toujours le mot pour rire. Même la dernière page de son livre ou elle narre tous les problèmes de santé que toute femme peut avoir, toujours dans l'humour. Cela faisait drôle de lire cette page en écoutant les nouvelles sur Hallyday... Drôle de décalage quand même.
Puis, elle nous décrit le monde impitoyable des critiques dans les journaux. Une époque bénie ou les critiques faisaient leur boulot et non pas la promotion des livres. Un temps révolu, même si Eric Naulleau essaie de perpétuer cet état d'esprit. Ce monde des rédactions de la presse, la naissance de ses fameux billets d'humeur placés en fin de pagination du monde.
Bref, on est en face d'une digne fille spirituelle de Mary Westley (la mamie qui regarde toujours la braguette des beaux jeunes hommes) et de Vita Sacksville West (la femme qui se moque des apparence, des mondanités). Claude est un monument rare. Mais il faut qu'elle se préserve car fragile.
A la fin on a envie de serrer dans ses bras cette mamie et lui dire tendrement avec son tutoiement. "Claude on t'aime !".
De grands mercis pour Laurent Ruquier (Déjà pour s'occuper de cette femme aussi bien et aussi pour avoir eu l'idée de ce livre). C'est pas Gérard Collard qui me dira le contraire hein !


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