Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

mercredi 18 novembre 2009

"Lire aux cabinets" Henri Miller


Précédé de la nouvelle "Ils étaient vivants et ils m'ont parlé"


Qu'est ce qui rend un livre vivant ? Voilà une question qui se pose souvent ! La réponse me paraît toute simple. Un livre vit grâce à la recommandation passionnée qu'en fait un lecteur à un autre. Rien ne peut étouffer cet instinct fondamental de l'homme. Quoi qu'en puissent dire les cyniques et les misanthropes, je suis convaincu que les hommes s'efforceront toujours de faire partager les expériences qui les touchent le plus profondément.


Henri Miller a sans le savoir instauré les bonnes bases pour les futures générations de blogueurs "littéraires". Ces blogs de parcours de lectures des gens simples qui sont mille fois plus libres que les magazines car on a pas l'obligation de renvoi d'ascenseur. Autant de lecteurs, autant d'avis. C'est ça que j'aime dans ce monde. On est pas forcément adepte du politicaly "Thinking" , on est pas des oies qu'on gave avec de la nourriture (certes spirituelle) industrielle.


"Les livres sont une des rares choses que les hommes chérissent vraiment. Et les esprits les plus nobles sont ceux-là aussi qui se séparent le plus facilement de leurs plus chères possessions. Un livre qui traîne sur un rayon, c'est autant de munitions perdues. Prêtez et empruntez tant que vous pourrez aussi bien livres qu'argent ! Mais surtout les livres, car ils représentent infiniment plus que l'argent. Un livre n'est pas seulement un ami, il vous aide à en acquérir de nouveaux. Quand vous êtes nourri l'esprit et l'âme d'un livre, vous vous êtes enrichis. Mais vous l'êtes trois fois plus quand vous le transmettez ensuite à autrui."


Bon c'est bien beau, on nous parle de s'enrichir par les livres mais quand lire dans cette vie trépidante ? Henri Miller vous donne une idée, dans "les livres de ma vie", un passage délicieux "Lire aux cabinets" que vous pouvez trouver en farfouillant les librairies dans la collection folio 2 euros.


Non Henri, n'ordonne pas de transformer ses wc en bibliothèque mais pose le problème du temps pour la lecture. Un passage sur les mères de familles toujours occupées par les affaires courrantes inhérentes à leur statut. Education des enfants, ménage, nourriture, entretien du foyer (et pas dans les conditions actuelles bien sûr car ce livre a été écrit en 1957 -mais réédité via Gallimard en 1993- on est loin des machines à laver, des sèches linges, des couches jetables, des biberons jetables etc). Il va même pousser l'ironie à poser la question"Peut être la mère de nos grands hommes pratiquaient elles la lecture dans les cabinets ?"


Sous ce titre ironique, Henri nous fait méditer sur notre vie de tous les jours. Sur ce qui est essentiel pour nous et surtout la place de l'enrichissement spirituel qui devrait être l'arme privilégiée contre l'asservissement de la société. Société du travail à l'époque et actuellement cette société surmédiatisée accès à la surconsommation.


Un livre qui devrait trôner dans toutes nos bibliothèques... Bien sûr !

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