Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

samedi 31 octobre 2009

"Chirac s'emmerde" Théodore MUSARD Achille WOLFONI


Pas pour longtemps comme le dirait certains... au vue de l'actualité récente.

Cela fait un bon bout de temps que j'avais remarqué ce livre rien que par le titre ! J'avais bien ri en lisant aussi le résumé. Et le livre est une véritable petite bombe !

Résumé : Jacques Chirac après l'élection devient donc un jeune retraité. Il croit alors à sa liberté de faire ce qu'il veut... Traîner en pyjama chez lui, regarder enfin la télé, vivre sa vie comme il entend... Mais hélas ! Être ancien Président de la République cela veut dire encore des devoirs à accomplir. Aller en traînant les pieds et seulement par amitié pour Jean Louis Debré aux réunions du Conseil Constitutionnel, suivre les obligations de l'hyper active Bernadette, l'accompagner aux expositions alors qu'on rêve de tranquillité. Son seul rayon de soleil son petit fils Martin !

Puis comme réveillé d'un cauchemar, il se décide à écrire ses mémoires. Encouragé par son incontournable fifille Claude qui prend l'affaire à son compte et aussi par Bernadette qui trouve ainsi un sujet de conversation passionnant pour ses rencontres mondaines.

Mais pour Jacques, c'est le commencement de la galère : les tournées chez les éditeurs qui proposent des nègres plus (ou plutôt moins) talentueux, les problèmes administratifs ou plutôt financiers (ou ira l'argent de la vente du livre), aura-t-il une adaptation cinématographique... Toute une critique de ce que l'on appelle le monde de l'édition en règle avec ses travers, ses exagérations.

C'est décidé donc, Jacques écrira lui même ses mémoires, cela sera plus simple mais ce n'est pas sans passer par cette épreuve :


"C'était plus facile, autrefois, les livres. Il y avait un tas d'énarques qui lui faisaient des notes et des brouillons tellement bien écrits que ce n'était pas la peine d'y changer une virgule.

Le premier jour, il avait pris de bonnes résolutions. Il avait mis son réveil à sept heures. Le bureau était parfaitement rangé. Il y avait une rame de papier blanc qui l'attendait sur la grande table Napoléon II. Il avait préparé quelques post-it avec des formules, de bonnes idées, des souvenirs qui lui était venus depuis huit jours : depuis cette séance idiote place Saint-Sulpice. Le maître d'hôtel s'était occupé de lui faire une collection de sandwiches avec du pain et du lait. Ils étaient si tendres qu'on en faisait qu'une bouchée. Il avait aligné une collection de stylos sur son plumier.
Claude lui avait bien dit qu'il irait plus vite avec un PC. Il n'avait pas osé lui avouer qu'il ne saurait pas s'en servir. Il avait essayé, un jour, mais il n'arrivait pas à comprendre avec quelle main il devait actionner la souris et pour quoi faire, puisqu'il y avait déjà un clavier. Sur l'écran, la flèche partait dans tous les sens. Il y avait un sablier qui n'arrêtait pas de se dévider, il fallait tout le temps attendre. Au fond de lui, il trouvait que c'était bon pour les secrétaires.

- Jamais tapé moi-même mes lettres à la machine, pensait-il, ce n'est pas à mon âge que je vais m'y mettre.

Il trouvait le stylo à plume donnait seul toute sa noblesse à l'acte d'écrire, à la geste de la création. Il aimait les courbes de l'encre sur le papier, les pleins, les déliés qu'on lui avait enseignés à l'école, au temps où l'on apprenait à écrire avec une plume sergent-major.

"Chapitre I" écrivit-il sur la première feuille. C'était bien.
Il ne savait pas par où commencer : il avait tant à dire. Il n'allait tout de même pas raconter ses premiers cadeaux de Noël, les cigarettes fumées en cachette au lycée, ou cette première visite rendue au BMC, dans la chaleur d'Alger. Elle avait été un peu décevante, mais il n'avait plus jamais été le même après.
Il se replongeait avec délice dans ses années étudiantes, les soirs d'été, rue de Buci, les filles qui poussaient comme des fleurs au jardin du Luxembourg, les vacances au long cours, sac au dos, aux États Unis, on the Road.

Ca n'allait pas. Ces souvenirs enchanteurs perdaient toute leur magie sur la page blanche. C'était tarte."


Ce premier roman du duo Musard et Wolfoni est une véritable introduction aux vraies mémoires de Jacques Chirac. J'en avais même en tête la fameuse vidéo des adieux de Bill Clinton à la maison Blanche...



Le dernier jour de Bill Clinton à la Maison Blanche
envoyé par chichicaca. -

Ce livre n'a pas pour but de rendre Jacques Chirac sympathique (car il est aimé des français). Ce n'est pas le même but que le livre de David Angevin "Dans la peau de Nicolas". C'est un très bel hommage à ce grand Homme qu'est Jacques Chirac...


A lire cela vous fera passer un excellent moment....

1 commentaire:

Valérie DEBIEUX a dit…

Merci Sabine ! En parlant de Jacques Chirac, lorsque j'étais allée récupérer un manuscrit dans une grande maison d'édition à Paris, je suis ensuite montée dans un taxi et lorsque je suis arrivée à hauteur du 3 quai Voltaire, j'ai croisé Chirac qui rentrait chez lui, escorté bien entendu... ^^

Et super la vidéo de Clinton. Voilà un Président qui fait preuve d'un grand humour !

LinkWithin

Related Posts with Thumbnails