Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

jeudi 3 septembre 2009

YVES VIOLLIER DANS LA VIE....Part 1


Je vous retranscris l'article sur Yves Viollier paru sur le site officiel du magazine "LA VIE" afin de pouvoir l'archiver en toute tranquilité... Au cas ou la page serait supprimée dans le futur...





Yves Viollier, les paradoxes de l'engagement
interview par Marie Chaudey


LITTÉRATURE. Dans son dernier roman, Aide-toi et le ciel…, l'écrivain s’interroge sur la disponibilité aux autres, vue tout à la fois comme un risque et une chance.


Yves Viollier, qui collabore aux pages littéraires du magazine La Vie depuis plus de 30 ans, aborde dans un bouleversant roman les questions qui tournent autour de l’engagement. Marie, l’héroïne de Aide-toi et le ciel..., est une mère de famille pleine d’énergie, responsable d’un groupe de la Joc (Jeunesse ouvrière chrétienne), qui pilote aussi dans son diocèse la mission des jeunes. Son fils Simon, parti travailler en Haïti avec une ONG, revient malade et meurtri par le sentiment d’échec. Sa mère le recueille, en continuant à mener de front toutes ses activités. Elle se retrouve terrassée quand Simon fait une tentative de suicide.


Quelle a été la genèse de ce livre ?


J’ai toujours besoin d’aller à la rencontre du réel pour en tirer la substance de mes romans. J’ai fait des repérages dans une vraie équipe de la Joc, menée par une femme formidable. Mais surtout, l’un de mes amis, un homme très engagé, a reçu un jour la même lettre d’adieu que celle écrite par Simon à sa mère : son fils s’est suicidé. À partir de ce fait authentique, qui m’a beaucoup choqué, sont nées les questions et l’écriture. Comment la générosité chez un militant peut-elle être aussi à la source d’une tragédie ? Notre société est-elle porteuse d’espérance auprès de la jeunesse ? Notre vieux continent permet-il encore l’aventure humaine ou brise-t-il les ailes des plus jeunes ? Ne sommes-nous pas démobi­lisateurs ? L’engagement de Marie a fait croire à Simon qu’il pouvait aller au bout de lui-même. C’est toujours difficile d’avoir des modèles trop grands, des parents qui ne se doutent pas à quel point ils peuvent être écrasants.


Quels sont pour vous les paradoxes de l’engagement ?


À partir de l’injonction de l’Évangile, « Viens, suis-moi », il faut s’interroger : pourquoi va-t-on s’engager ? Quel risque prend-on pour soi-même et pour ceux qui sont autour ? Le paradoxe de l’engagement, c’est qu’il est à la fois un risque – d’échec, d’aveuglement, d’épuisement… – et une chance. Car ne pas frotter sa foi aux réalités et aux souffrances du monde signifierait s’enfermer, se dessécher. Mon roman n’est pas négatif : il ouvre vers l’action. Marie a une foi ordinaire autant qu’extraordinaire. Comme tout chrétien, elle ne peut éviter des périodes de doute et de vertige, tel Jonas dans le ventre de la baleine. Comment ne pas vaciller face à la souffrance de son enfant ? Un chrétien peut difficilement faire l’économie du passage par la nuit. Au début du roman, la foi de Marie est à l’état d’enfance, belle, mais sans doute un peu naïve. À mes yeux, Marie est plus grande et plus libre après l’épreuve que lorsqu’elle vivait encore dans la certitude.

Aucun commentaire:

LinkWithin

Related Posts with Thumbnails