Quand on me parle de "Monsieur" Yves (comme les lectrices l'appellent affectueusement) Viollier, on me parle des Soeurs Robin, du Chemin de Fontfroide, des Noces de Claudine (qui ont donné naissance à toute une génération de lectrices assidues de l'auteur), des Saisons de Vendée, mais il se cache dans la longue bibliographie des petits trésors qu'on se doit de découvrir !
Les Lilas de mer méritent le détour et deviennent mon livre favori à égalité de la Chanson de Molly Malone !
Une saga, une fresque racontée par le prêtre Jean Guery, jeune prête à l'époque des faits qui a rencontré le destin de Jean Marie Cheze, un corrèzien venu travailler à la reconstruction d'une muraille en Charente, à St Nicolas sur Mer. Il avait tout laissé derrière lui, promise, famille, racines. Il rencontrera une sauvageonne Lilas. Il en tombe amoureux, se marie avec elle et a un fils Pierre. Travailleurs et besogneux, ils ont l'avenir pour eux jusqu'à ce que Jean Michel soit accusé injustement d'un meurtre. Il sera condamné au bagne mais l'obstination du curé va découvrir la vérité et dévoiler bien des secrets de famille.
D'un côté comment ne pas être troublé par la plume de Yves Viollier à travers du curé. Cela me fait penser que l'auteur pensait déjà à ses vieux jours, se mettait dans la peau du curé. A moins que le curé soit le prétexte, le messager d'un message plus personnel pour ses lecteurs ! Assez troublant donc !
Sans oublier le parallèle évident, pour ceux qui connaissent Charles Milcendeau ! Le peintre soullanais Charles et l'écrivain Yves se rejoignent en bien des points :
Les débuts bruts de leurs oeuvres !
Milcendeau usait de la craie, les pastels. Dessins assez bruts, des portraits de ses chers paysans de Soullans. Sa spécialité : peindre le regard de ces gens-là, ces regards autant de miroirs d'âmes.
Yves Viollier a décrit son entourage, décrit les pensées les plus intimes de ses chers vendéens. Il peint avec les mots les sentiments, les paysages. C'est un peintre écrivain.
L'importance de l'Espagne, Yves l'a bien écrit avec "la Flèche Rouge" et Milcendeau l'a peinte dans sa chambre dont les murs sont recouverts de fresques mozarabes.
Milcendeau et Viollier sont viscéralement attachés à leurs terres, le premier par ses marais soullanais (il en a dessiné des "Saisons de Vendée" sans le savoir, peut être le titre de la trilogie d'Yves Viollier est un hommage appuyé au peintre qui sait ?). Yves dans sa campagne, dans ses racines.
Puis la découverte de la peinture à l'huile tardive du peintre ! Il a regretté de n'avoir pas commencé plus tôt, cela a donné une épaisseur, une vision plus réaliste dans ses peinture. Yves ce sont ses rencontres, ses voyages qui lui donnent la sublime matière pour ses romans.
Je ne serai pas complète si je ne vous dis pas que Yves Viollier avait reçu à St Etienne (42) le prix Charles Exbrayat en 2001 pour ce roman.
Le Prix Exbrayat ?
Le Prix Charles Exbrayat récompense un roman paru dans l'année et qui aurait plu à Charles Exbrayat, auteur de romans policiers né à Saint-Étienne et disparu en 1989. Le jury est composé de lecteurs de communes où il a vécu : Saint-Étienne, Tarentaise et Planfoy. Un prix attribué au lauréat lors du salon du livre stephanois. Ce prix a dù bien rendre heureux Yves Viollier qui affectionne les prix des lecteurs plus sincères que ceux de certaines académies !
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