Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

dimanche 5 octobre 2008

Jean Baptiste DEL AMO "Une éducation libertine"

DE L'ART DE FORMER LES HOMMES






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Comme vous l'aurez compris, c'est le coup de coeur du mois précédent.

Tout d'abord, je me dois de remercier Isabelle MENANTEAU de la nouvelle librairie Les Choix d'Isa qui a récemment ouvert rue Racine à Challans.

En effet, c'est une galère pas possible pour avoir ce livre. J'en avais parlé en mon blog.

J'aurais, certes, pu être déçue de ce livre mais au contraire. Ce livre est fabuleux, ne se lâche pas d'une page. C'est franchement une merveille. Bon il est vrai que le passage de l'auteur dans la Grande Libraire (une des rares émissions actuelles qui donnent l'envie de lire) et aussi l'extrait paru dans Lire m'avaient donné l'eau à la bouche.

Certains font le parallèle de ce livre avec un autre "le parfum" de Suskind (et je rajouterai par la manière d'écrire celui de Jean Teulé "Moi je François Villon" -Le fameux poète du Moyen Age et non pas l'actuel premier Ministre ! Gaffe aux fautes de frappe - ) mais bon cela serait assez réducteur de s'en arrêter simplement la. Car le livre de Jean Baptiste est bien plus ambitieux. Certes, on ressent les odeurs, on entend les bruits de la vie parisienne de l'époque. J'en salue ici la recherche du détail, de l'image qui marque. Une sacrée plume. Mais derrière cette description de cette société du XVIIIème siècle se cache une description, en fait, de la notre tout simplement. Je m'explique :

L'éducation libertine narre l'histoire d'un jeune provincial qui a tout plaqué pour pouvoir s'élever par tous les moyens de sa condition. Il fera des petits boulots et ira jusqu'à la prostitution. Cette histoire ne vous rappelle rien ? Moi cela me fait penser à tous ces jeunes qui quittent une vie toute tracée dans leurs villes de province, montent à la capitale et qui se ruent en casting en casting pour pouvoir atteindre leur ambition suprême faire partie de la noblesse actuelle que représente les people. La prostitution ou la trouve-t- on ? Il y a la prostitution des corps avec les fameuses promotions canapés soit celle des âmes dans les real tv shows que sont la Starac, Nouvelle Star etc... Ou l'on brise des personnalités, on les formate pour qu'elles rentrent dans le moule décidé par les producteurs de CDs. (les pages 168 et 169 seront largement plus explicites)

Sans oublier la fameuse scène de la pendaison ou les gens feignent d'être choqués par la barbarie de celle-ci mais qui applaudissent et qui se ruent pour aller voir de plus près. Cela m'a rappelé celle de Saddam Hussein dont la vidéo-pirate avait été le Buzz pendant des longues semaines et l'objet de débats hypocrites et puants de politiquement correct. P199

En extrait :

"Le peuple est tiraillé par son désir de divertissement, son voyeurisme et la toute-puissance de la royauté qui décide ou non de son droit à vivre. Bien sûr, il veut faire payer au criminel le prix fort, mais dès lors qu'il s'aperçoit être complice d'une justice qui le répugne, il oublie le monstre, commence à voir l'homme. Une mort sordide éveille trop les consciences pour qu'il soit possible de rester spectateur et passif. Alors, à défaut, on s'insurge. Demain, on parlera partout de ces exécutions odieuses que la Cour orchestre, on jugera de n'y jamais remettre les pieds, d'y avoir assisté pour mieux contester, ou par hasard"

Comme quoi des révolutions après la fin de l'histoire du livre (dont la Révolution Française) et des siècles passent, la situation en France est sensiblement la même même si la société a bougée grâce à la révolution industrielle d'avant et celle technologique d'aujourd'hui. S'en est décourageant.

Un premier livre de ce jeune auteur aux débuts plus que prometteurs. A découvrir d'urgence.

En route vers le Goncourt ou le Médicis... Pas mal non plus pour un premier roman.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est vrai qu'il y a un petit côté "Le parfum" dans cette talentueuse éducation. Je suis d'accord avec toi, souhaitons le meilleurs parcours à Del Amo, une nouvelle plume qui laisse présager une longue carrière!

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