Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

dimanche 27 juillet 2008

"Les noces de Claudine" Yves Viollier

Sainte Thérèse de Lisieux "je ne meurs pas, j'entre en Vie"

Bienheureuse Elisabeth de la Trinité " "Je vais à la Lumière, à l’Amour, à la Vie".

Impossible d'être objective, je ne peux que penser à Yves Viollier et à Claudine. Je ne peux pas rester impassible devant tant de souffrance et désespoir. Surtout si cela touche quelqu'un que j'aime beaucoup. J'ai du mal à parler de ce livre tant qu'émotionnellement il m'a touchée. Mais bon, je vais essayer....
L'histoire est vraie, banale en quelque sorte et qui peut arriver à tout le monde. C'est de la que vient l'horreur de la situation. Claudine, la petite soeur d'Yves meurt subitement d'un accident de la route, fauchée dans sa jeunesse. Une vie fauchée en si peu de temps. S'ensuit le désespoir, l'anéantissement de toute une famille. Il y aura tant de courage pour Yves pour relater presque heure par heure les dégats immenses, les douleurs de toute une famille. J'imagine ses larmes durant l'écriture puis la correction de ce livre (et même encore maintenant même si on peut dire que l'âme sa petite soeur ne l'aura pas quitté durant toutes ses années.) Il nous ouvre les portes de son intimité. Jacques Salomé dit avec justesse "Un livre a toujours deux auteurs : celui qui l'écrit et celui qui le lit". Pour le coup en tant que lectrice, je me suis sentie tellement impuissante et désemparée.
Dans la forme, je trouve un parallèle avec... Arthur Rimbaud, souvenez vous du Dormeur du Val que vous devez connaitre, rappelez vous de ces vers :

Le Dormeur du val.

C'est un trou de verdure, où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil, de la montagne fière,
Luit: c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert ou la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme:
Nature, berce-le chaudement: il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine.
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud, novembre 1870

Claudine est la petite "dormeuse du val" d'Yves. La nature qui continue à vivre, à suivre les saisons comme si rien n'était passé. Elle est insensible aux malheurs de l'humanité. Rimbaud parlait de l'absurdité de la guerre et Yves celle d'un accident de la route.

Un autre texte m'a hanté durant toute cette lecture. Texte que j'avais appris en cours de roumain (aux bons soins de Valériu Rusu) en fac quand j'étais jeune. Le fameux texte de MIORITA (désolée je n'ai pas le logiciel d'écriture roumain mais rajoutez une cédille au T) de Vasile Alecsandri. Ce chant narre l'histoire d'un berger aux portes de la mort car se sentant menacé par deux tueurs qui nomme comme exécutant testamentaire sa fidèle chèvre en donnant un message à sa mère : voici un extrait du texte traduit (Je ne peux le poster car il est trop long)

/- "O, brebis liante, /Si tu es voyante, /Si ce soir je meurs /Dans ce val en fleurs,/Dis-leur, brebis chère, /De me mettre en terre /Près de tous mes biens, /Pour ouïr mes chères. /Puis, quand tout est prêt /Mets à mes chevet : /Un pipeau de charme, /Moult il a du charme ! /Un pipeau de houx, /Moult est triste et doux ! /Un pipeau de chêne, /Moult il se déchaîne ! /Lorsqu'il soufflera /Le vent y jouera ; /Alors rassemblées, /Mes brebis troublées,/Verseront de rang /Des larmes de sang. /Mais, de meurtre, amie /Ne leur parle mie ! /Dis-leur, pour de vrai, /Que j'ai épousé/Reine sans seconde, /Promise du monde ; /Qu'à ces noces-là /Un astre fila ; /Qu'au dessus du trône /Tenaient ma couronne /La Lune, en atours, /Le Soleil, leurs cours,/Les grands monts, mes prêtres, /Mes témoins, les hêtres, / hymnes des voix /Des oiseaux des bois./Que j'ai eu pour cierges /Les étoiles vierges, /Des milliers d'oiseaux /t d'astres, flambeaux !… /Mais si tu vois, chère, /Une vieille mère /Courant, toute en pleurs /Par ces champs en fleurs, /Demandant sans cesse /Pâle de détresse : /- Qui de vous a vu, /Qui aurait connu /Un fier pâtre, mince /Comme un jeune prince ? /Son visage était /L'écume du lait ; /Sa moustache espiègle, /Deux épis de seigles ; /Ses cheveux, si beaux, /Ailes de corbeaux ; /Ses prunelles pures /La couleur des mures ! /Toi, dis-lui, qu'au vrai /J'avais épousé /Reine sans seconde, /Promise du monde, /Dans un beau pays, /Coin du paradis ! /Mais, las ! à ma mère /Ne raconte guère /Qu'à ces noces-là /Un astre fila ; /Qu'au dessus du trône/Tenaient ma couronne : /a Lune, en atours, /e Soleil, leurs cours, /Les grands monts, mes prêtres, /les témoins les hêtres,/Aux hymnes des voix /Des oiseaux des bois ; /Que j'ai eu pour cierges /Les étoiles vierges, /Des milliers d'oiseaux /Et d'astres flambeaux !…
Comme par hasard, ce texte rejoint la philosophie d'Yves Viollier... D'ou le titre de ce livre "Les noces de Claudine"Un livre qui devrait être ajouter à toutes les listes de lecture au collège ou au lycée... Quand je vois tant d' adolescents qui négligent, ignorent le danger ne se rendent pas compte que la vie peut être brêve et que de tant mépriser la sécurité sur leurs scooters, ou voitures ils peuvent être tués ou se faire tuer et détruire ainsi la vie des êtres qui leur sont chers. Cela n'arrive pas qu'aux autres.
D'ou elle est Claudine doit être fière du chemin parcouru de son grand frère. Ce frère qui écrira trente six ans plus tard "Ecrire ce n'est que finalement rien d'autre que vivre"


1 commentaire:

Anonyme a dit…

S'il te plait sur quel site peut on trouver l'enregistrement " les eaux de mars " de jil.
Amicalement

toutaubord.blogspot.com

LinkWithin

Related Posts with Thumbnails