Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

samedi 1 mars 2008

La terre se meurt René Bazin...



Dur de résumer un chef d'oeuvre, tellement de passages si forts dans cette galerie de portraits autant des paysages des marais, des personnages les maraîchins... Une histoire tellement touchante et malheureusement vraie, l'exode des jeunes qui quittent leurs terres pour aller trouver du travail ailleurs ou qu'ils ne veulent pas subir la même destinée des parents, des anciens qui n'a été faite que de labeurs, de sacrifices et d'abnégation. Que ceux qui veulent rester comme la petite Roussille du livre en deviennent des héros légendaires.


UN LIVRE MAGNIFIQUE A LIRE....
Extrait
A cette heure matinale, le Marais était couvert de brumes, qui ne se levaient point encore, mais se désagrégeaient et se mouvaient sous la poussée de la brise. Le recueillement était complet, l'air léger, sensible et nerveux. Il apportait le moindre bruit sans le diminuer. Un chien qui aboyait vers Sallertaine avais l'air d'aboyer là, tout près. Elle voyait les grands carrés de prés comme des fourrures grises, liées et cousues, qui diminuaient de taille en s'éloignant. Par endroits, des anaux, se coupant à l'angle droit, donnaient une impression de miroir terni. Des fumées se tordaient lentement au-dessus. Puis vaguement, dans le brouillard, surgissait des silhouettes un peu plus sombres, comme les oasis d'un désert, et c'était les fermes maraîchines bâties sur d'infimes exhaussements du sol, avec leurs étables, leurs meules de pailles et de foin, et le groupe de quelques peupliers qui leur donnent un peu d'ombre. Bientôt le voile qui s'agitait et se brisa ; des rayons de lumière touchèrent l'herbe, et voyagèrent çà et là ; des lames d'eau étincelèrent comme des vitres au couchant. Sur bien des lieues de long, depuis la baie de Bourgneuf jusqu'à Saint Gilles, le Marais de Vendée s'éveillait.

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