Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

samedi 12 janvier 2008

JULIEN GRACQ ET SION






La j'enrage car Sion est la promenade favorite de ma petite famille (surtout en temps de tempête). Mais il sera bon de s'y promener avec à la main un de ses livres à la main et se dire si l'être humain Gracq n'est plus, il persistera son âme....







Gracq, le promeneur solitaire de la côte de Sion





Décédé samedi, l'écrivain Julien Gracq a passé de nombreuses vacances à Sion sur la côte vendéenne.
Julien Gracq (à gauche) en compagnie du comédien Eric Chartier
qui a mis en scène les textes de l'écrivain. :Archives.

Louis Poirier, dit Julien Gracq, s'est éteint samedi sur les bords de Loire, à Saint-Florent-le-Vieil, dans le Maine-et-Loire. Cet écrivain passe, selon les critiques, pour être le dernier des Romantiques. Assurément un grand nom de la littérature dès qu'on se laisse happer par sa prose si poétique. Il y a tout juste un an, la ville de Saint-Hilaire-de-Riez lui rendait un hommage sous la forme d'une exposition.

L'écrivain a en effet puisé l'inspiration de plusieurs pages de son oeuvre, à Sion et dans ses environs. « Julien Gracq a cherché à retrouver l'ambiance de ses vacances d'enfant à la mer, quand il séjournait à Pornichet, explique l'adjoint au maire de Saint-Hilaire-de-Riez, Jacques Baud. Il cherchait une maison ou un appartement directement ouvert sur la mer et sans aucune route à franchir. C'est ainsi qu'il est devenu propriétaire à Sion, d'un appartement dans un immeuble en construction. »



« De ce balcon sur l'océan » l'auteur ne se lasse pas du spectacle incessant de la mer. « Je crois que Julien Gracq était de ceux qui aimaient les paysages en mouvance. Les paysages intenses comme ceux de la Loire. » Le Ligérien passa tous ses étés de 1971 à 1990 sur la côte de Sion. Ses visions de cette côte vendéenne sont à chercher dans ses recueils « Lettrines II » et « Les carnets du grand chemin » A Sion, les rares habitants qui le connaissaient gardent de lui le souvenir d'un homme « discret, courtois, d'une grande simplicité. »

Des marines

Le promeneur solitaire avait ses habitudes chez le coiffeur Jo Barranger et à l'hôtel Frédéric où il achetait quotidiennement son journal. Ses écrits nous livrent ses impressions de balades en forêt de Sion et sur les dunes sauvages qui font le cachet de ce bout de côte. Julien Gracq avait trouvé à Sion « un lieu de recueillement. »

Au fil des pages, son balcon sur l'océan prend des allures de bateau. « A Sion, dans le petit appartement haut perché, au-dessus de la mer qui me rappelle le retour de New York sur Le France, et que j'ai envie d'appeler le paquebot. Quand on pousse la porte, devant soi, par toutes les baies, on ne voit que l'eau et les vagues... » Les jours de tempêtes, il évoque « la fureur taurine des vagues » à l'assaut des rochers. D'un regard vers le nord-ouest, « du haut de mon balcon, l'île d'Yeu posée au ras de l'horizon apparaît et disparaît comme un mirage. » Comme le souligne Michel Murat : « Comme le peintre auquel il emprunte un peu de son attitude et de son vocabulaire, Gracq se met face au motif et se soumet de plein gré aux contraintes du genre : il fait des marines. » Autant de pages à lire et relire pour s'imprégner du charme du village de Sion.



Jean-Marie LE PROVOST.
Ouest-France

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