Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

mercredi 13 janvier 2010

"Abraham le poivrot" Angel Wagenstein


"Je couperais volontiers court aux banalités aux vérités universellement éprouvées, mais le fait est que l'arbre naît de ses racines et que son existence dépend étroitement de celles-ci. Certains arbres sont du bois dont on ne peut faire que des battoirs ou des gordin, d'autres servent à la fabrication d'objets utiles que des baquets, des balnçoires pour les enfants ou des trépieds, d'autres encore donnent des pipeaux ou même des violons. Il en va ainsi, dans une certaine mesure, non seulement des arbres mais aussi des hommes. Il vaut donc la peine de méditer ce dicton qui veut que "le fruit ne tombe jamais loin de l'arbre".

Pour ce qui concerne ma grand-mère Mazal, je la comparerais à un arbre pourvu de fortes racines profondément enfouies dont on ne tire que des choses utiles, tandis que l'arbre de mon grand-père, plus connu sous le nom d'Abraham le Poivrot on n'obtiendrait rien d'autre qu'un tonneau destiné à conserver du bon et vieux vin. Ainsi donc, les racines"

Le style d'Angel dans toute sa splendeur, que des pages poétiques et nostalgiques ...

Angel se cache sous son personnage de Berto Cohen qui revient dans sa Bulgarie après des années d'Exil. Il retourne donc à Poldiv et le flot de souvenirs reviennent à la surface. Il retrouve Araxi, son premier amour et tous deux se décident à parcourir le Poldiv actuel à la recherche de leur passé. Passé qui n'est seulement que le futur que la vie leur a volé.

Angel avant d'être écrivain est un cinéastre. On le ressent. Le souci du détail de la description du décors, les indications sur les personnages. Il met rééllement en scène son roman. Les flashs backs intempestifs, cette petite brume de retour aux réalités à chaque retour dans le passé quelle merveille. Cette mélancolie typique aux européens de l'ouest. Cette douce nostalgie du passé, sans larmoyant, toujours lumineux qu'on trouve chez les écrivains des pays de l'Ouest. Vraiment un vrai bonheur.
"La vie était différente autrefois, ma petite âme. Plus modeste et meilleure aussi. Plus radieuse, plus riche d'espoir et d'humanité. C'est ce que je crois. Aujourd'hui, tout s'est éparpillé. Il est vrai que les hommes possèdent davantage, mais il n'y a plus de bon voisinage, plus de camaraderie, plus de bonté et plus de miséricorde. Chacun pour soi et Dieu pour tous !"

On en ressort enrichi émotionnellement et historiquement. Un vrai délice !

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