Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

dimanche 6 décembre 2009

"Ma bonne" Maggie GEE



Un seul conseil pour ces week end pluvieux, ne foncez pas sur les livres de Beyala, N'Diaye et consoeurs, cela serait un gaspillage d'argent forcément sale (car il y a un chance sur trois que vous apparteniez à la classe monstrueuse qui a osé voté Sarkozy).




Allez plutôt acheter "Ma bonne". Un vrai chef d'oeuvre. Premier livre traduit en français de Maggie GEE (pour ceux qui farfouillent internet, ils savent qu'elle a écrit au moins 10 livres). Mesdames, Messieurs de Belfond, un petit effort s'il vous plait !

Résumé : Vanessa, une professeur de littérature anglaise en faculté, une british bourgeoise qui se soucie de son apparence respectable. Une femme prisonnière de ses principes. Cette femme a un problème qui l'empoisonne. Son fils Justin est malade. Il passe ses journées au lit tel un légume, ne veut pas manger, ne veut plus rien faire. Elle a usé tous les stratagèmes pour le sortir de l'état où il se trouve. Rien n'y fait. Elle se décide donc à recontacter Mary Tendo, son ancienne nounou que Justin vénérait enfant. Elle pourrait peut être faire un miracle.

Mais Mary n'est plus la nounou juste bonne à faire le ménage. Elle est devenue une personnalité qu'on respecte. Elle travaille dans l'humanitaire, est même responsable de son institution d'aide aux femmes atteintes du VIH à Kampala, en Ouganda. Elle est désormais une femme ambitieuse et indépendante loin de l'image maternisante de la nounou de dans le temps !

Mary accepte néanmoins la demande de Vanessa. Cette dernière devra réapprendre à connaître Mary. Cela ne va pas sans heurts. Mary devra découvrir ce passé que Vanessa veut étouffer et aussi savoir pourquoi Justin (enfant pourtant choyé-gâté, intelligent, beau) se retrouve dans un tel état. Cela lui fera un peu oublier l'angoisse concernant la disparition de son propre fils pour un moment.

Ce récit est très complet. Tout d'abord, il parle des relations Nord-Sud. Les relations entre les anglais et l'Afrique Noire. La place des émigrés de toutes les nationalités.
Puis Maggie insiste aussi sur les problèmes de relations mère/fils. Vanessa l'envahissante maman de Justin et Mary écrasée de douleur à la disparition de son fils. Deux destins parallèles qui néanmoins finiront par se croiser.

Et en filigrane, la place de l'instruction. Cette instruction, cette connaissance des livres qui libère ou qui peut emprisonner. Mary se libère par les livres. Vanessa se renferme dans l'écriture des siens.

Un livre rare ! Rare par son écriture dense, rare par les caractères entiers des personnages...



Par contre j'enrage car j'espère qu'un metteur en scène, un producteur ou scénariste tombe sur ce livre et en fasse l'adaptation cinématographique. Je verrais bien Whoopi Goldberg dans le Rôle de Mary, dans le rôle de Vanessa, j'hésite entre Meryl Streep et Glenn Close. Ce film aux vraies interrogations actuelles pourrait faire un succès phénoménal et les deux actrices y seraient sublimes.




Aux éditions Belfond, je me répète : Pourquoi attendre pour traduire les autres romans de Maggie Gee ???

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