Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

jeudi 15 octobre 2009

Pierre Louis Basse "Comme un Garçon"


"A quel moment précis, sur le balcon de notre jeunesse, apercevons-nous les premières lumières du renoncement ? Ces lumières qui tremblent à mesure que nous avançons. Comme si la vie n'était qu'en définitive un frêle équipage, destiné un jour ou l'autre à se poser sur le premier tarmac venu ! Petits arrangements entre amis... Mariages, divorces, augmentations, nominations, trahisons, suicides, cancers peut-être..."
Décidément, les livres comme ceux-ci ont la côte ! Ces livres d'introspection, de souvenirs. Est ce un effet de la crise ? Je commence à le croire. Les gens ont besoin d'un "cocon" pour mieux se protéger de la crise ! Au lieu de réfléchir à un futur angoissant, ils préfèrent largement l'évocation de souvenirs lumineux, le temps ou tout était mieux avant !


Pierre Louis Basse pose la question essentielle de toute notre existence dans ce roman. Pierre Garçon ferme les yeux de son père Yves qui vient de succomber à un cancer. De cette minute s'ensuit une semaine d'introspection. Comme s'il portait en plus du deuil de son père, le deuil de ses cinquante premières années. Des flashs backs apparaissent dans sa mémoire, des évènements alors anodins à l'époque en deviennent des monuments historiques. Des traces qui ne s'effacent pas. Toute un génération se reconnaîtra...

Pierre Louis aurait pu écrire un énième livre nostalgique, à la sauce "C'était bien avant" mais non, il décrit sans complaisance les trahisons des rêves de jeunesses, cet idéal vite rattrapé par la routine du quotidien. Mais s'ouvre au contraire un espoir, une volonté de ne pas gaspiller les cinquante prochaines années. D'en profiter, de ne plus faire si facilement ces erreurs de jeunesse. L'expérience n'empêche pas de faire des erreurs, mais empêche de les faire gaiement.


Le petit plus pour la lecture de ce livre : mettre en fond sonore la sublime chanson de Carla Bruni "Ma jeunesse" dont je permets de poster ici les paroles...





Dans ma jeunesse il y a des rues
dangereuses
Dans ma jeunesse il y a des villes
moroses
Des fugues au creux d'la nuit
silencieuse

Dans ma jeunesse quand tombe le
soir
C'est la course à tous les espoirs
Je danse toute seule devant mon
miroir

Mais ma jeunesse me regarde
sérieuse elle me dit:
"Qu'as-tu fait de nos heures?
Qu'as-tu fait de nos heures précieuses?
Maintenant souffle le vent d'hiver"

Dans ma jeunesse il y a de beaux
départs
Mon coeur qui tremble au moindre regard
L'incertitude au bout du couloir

Dans ma jeunesse il y a des interstices
Des vols planés en état d'ivresse
Des atterrissages de détresse

Mais ma jeunesse me regarde sévère
Elle me dit:
"Qu'as-tu fait de nos nuits?
Qu'as-tu fait de nos nuits d'aventure?
Maintenant le temps reprend son pli"

Dans ma jeunesse il y a une prière
Une prouesse à dire ou à faire
Une promesse, un genre de mystère
Dans ma jeunesse, il y a une fleur
Que j'ai cueillie en pleine douceur
Que j'ai saisie en pleine frayeur

Mais ma jeunesse me regarde cruelle
Elle me dit: "C'est le temps du départ"
Je retourne à d'autres étoiles
Et je te laisse la fin de l'histoire

Mais ma jeunesse me regarde cruelle
Elle me dit: "C'est le temps du départ"
Je retourne à d'autres étoiles
Et je te laisse la fin de l'histoire.

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