Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

vendredi 28 novembre 2008

Prendre "Racines" avec Yves Viollier

Issu du mag Racines de décembre 2008. Article écrit par Pierre Chêneau



LES TRAVERS DU MOT "RETRAITE"



Les deux mille retraités qui participaient aux Rencontres Racines, paraissaient heureux de leur sort. Yves Viollier aussi, qui est un jeune retraité de l'enseignement (maintenant il peut se consacrer à l'écriture de ses romans). Pourtant il n'aime pas les mots de "retraite" et de "retraité".


Car la retraite n'est pas seulement "l'état de quelqu'un qui a cessé ses activités professionnelles" et "la prestation sociale versée à quelqu'un qui a pris sa retraite". Le mot a d'autres acceptations moins agréables par exemple "action de se retirer, de s'isoler". Mais le 24 octobre, ses auditeurs ont montré à l'écrivain qu'on peut être retraité, sans se désintéresser de ce qui se passe autour de soi et dans le monde. La retraite c'est aussi "La marche en arrière d'une armée qui se retire devant l'ennemi".


Bref, Yves Viollier souhaiterait qu'on cherche d'autres mots pour désigner la retraite et les retraités. Essayons de lui donner satisfaction. Pour Marcel Pagnol (1), la retraite est "le coup de baguette magique qui transforme un instituteur en rentier". Accepterions-nous d'être appelés rentiers ? Quand nous étions en activité, nous n'appréciions pas beaucoup ceux qui vivaient de leurs rentes, sans travailler. Et selon Henri Lefebvre, c'était réciproque : "certains en France, gardent une idéologie de rentiers et considèrent avec condescendance le travail". Alors n'insistons pas !


Autrefois les titulaires d'une pension de retraite étaient appelés des pensionnaires. Ce mot pourrait-il être de nouveau employé en ce sens ? Ceux qui ont été pensionnaires pendant leurs études ne gardent pas un excellent souvenir de la nourriture et du logement de cette époque. Et la perspective d'être un jour pensionnaires d'une maison de retraite, n'enthousiasme pas les jeunes retraités...


Pensionné aurait-il plus de chance ? En Belgique, pension et pensionné sont d'un emploi habituel pour désigner la retraite et le retraité. On pourrait faire de même en France.


Mais chez nous, un changement de mot pour désigner une chose aussi répandue que la retraite, entraînerait une querelle interminable. Il y a dix ans, la simple action de féminiser le noms de professions ou de fonctions exercées par des femmes a provoqué une controverse à peine calmée. "La Ministre" et "la professeure" ont encore de la peine à s'imposer...


Alors il est probable qu'Yves Viollier devra finalement se contenter des vocables de retraite et de retraité. En tant que dompteur de mots, il sait bien que les termes sont comme les gens. Il faut les prendre des bons côtés, et oublier leurs travers.


(1) Cité de mémoire.





A votre avis ?


Vous aussi, comme notre fidèle chroniqueur, répondrez à l'appel lancé par Yves Viollier : trouvons un autre mot pour remplacer ceux de "retraite" et de "retraités", qui sonnent parfois faux à nos oreilles.


Réagissez en écrivant à : Racines, 21 Bd Réaumur 85013 LA ROCHE SUR YON cedex ou sur


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