Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

dimanche 12 octobre 2008

Serge Fauchereau, prix de Charette



UN NOUVEL AMBASSADEUR DE LA LITTERATURE VENDEENNE




"Les petits âges" est le roman qui a été retenu par le jury du Prix de Charette décerné lors du Refuge du Livre. Absent à ce salon, son auteur, Serge Fauchereau est venu chercher son prix au Refuge de Grasla le 26 août dernier : "Il nous a offert une rencontre riche et intéressante, se souvient Wilfrid Montassier, Président du Refuge. Nous avons eu la chance de découvrir un conteur qui nous a fait partager ses souvenirs d'enfance et qui nous a fait voyager"

Serge Fauchereau est un mareuillais parti à travers le monde pour y enseigner l'art et la littérature. Il a été professeur de littérature américaine aux universités de New York puis au Texas. Il a été commissaire d'expositions internationales au Centre Pompidou et au Palazzo Grassi de Venise...

"les petits âges" est un roman autobiographique qui remonte le temps pour ne retenir que l'enfance et l'adolescence. Car, malgré ses nombreux voyages aux quatres coins du globe, le coeur de l'auteur le ramène toujours au pays de ses jeunes années dans le pays de l'Aunis. Le livre a déjà été traduit en Anglais, en Espagnol et en Roumain. "Serge Fauchereau est en pase de devenir l'ambassadeur de la littérature vendéenne à l'étranger". Conclut Wilfrid Montassier.

Drôle de coïncidence, je viens de terminer ce livre.




"Si la lecture aide à comprendre un peu mieux la vie, la vie aide sans doute à mieux lire" (P149) cela aurait pu être le sous titre de ce livre.

C'est le livre anti-anxiogène qu'il faut lire en ce moment. Avec ces actualités navrantes de ce moment ou on ne parle que de crise, de bulles qui éclatent, de Krachs, de valeurs qui s'effondrent. Serge nous montre dans ce livre le sens pour retrouver les siennes, les vraies. L'essence même de nos vies. Ce roman m'a fait sans cesse penser à la fameuse maxime africaine

Quand tu ne sais pas où tu vas, souviens-toi d'où tu viens.


Avec Serge, on a emprunté la machine à remonter le temps, on retombe dans le quotidien des années 50, instants précieux, instants gravés à jamais dans le coeur de l'auteur. Une écriture magnifique et sans passages à vides. Dans le labyrinthe de ses souvenirs, Serge nous accompagnent comme si on était au musée. Le souvenir d'un journal, d'une photo, les livres qu'il a lus... Son chemin on l'a tous parcouru avec notre propre individualité. Je me suis surprise à moi-même, au fur et à mesure de la lecture, à remonter mon propre chemin à son exemple. Pas de nostalgie donc mais simplement une envie de revenir à l'essentiel. Cet essentiel que l'on a tous oublié ou laissé de côté à cause des évènements de nos vies, cette course effrénée pour atteindre un bonheur qui n'existe pas «Le bonheur n’existe pas. En conséquence, il ne nous reste qu’à essayer d’être heureux sans.» Jerry Lewis nous avait pourtant prévenus.

Un livre magnifique et je comprends pourquoi maintenant l'engouement et l'enthousiasme de Yves Viollier pour ce livre ou je l'ai retrouvé dans cette phrase p 34 :

Que me reste-t-il alors de spécifique qui n'aurait pas été acquis par héritage ? Le doute, je crois bien, le doute étendu à toute idée et à toute action, et à moi-même en premier lieu - c'est ma principale qualité et mon plus grave défaut.
Sans oublier le sublime hommage au libraire - poète de la Roche : Marcel CHABOT qui avait publié le premier recueil de poésie d'Yves Viollier. Lire p80/81

Mais je laisse en conclusion ce passage de Serge qui sera bien meilleur que ma modeste plume :

Il n'est pas si facile de regarder quarante ans en arrière des données passées pourtant incontestables ; avec le malaise, le vertige, on oublie, on déforme ou on est inutilement objectif. Très bientôt nous serons tous sexagénaires, rappelle parfois la logique. Chacun garde du passé, je suppose, ce qui sert son présent : en regardant en arrière, je suis aussi tranquille et vide qu'une plage de plus en plus lointaine où les années envolées n'ont laissé que des étoiles sur le sable. Quand je rêvasse, j'essaie de discerner des constellations perdues qui auraient encore un sens, mais sur les étendues du temps il souffle toujours un si grand vent que tout se mêle et que s'effacent les traces mêmes des oiseaux partis.

1 commentaire:

MFB a dit…

Comme je suis contente que tu aies apprécié ce livre. Moi j'en suis littéralement tombée sous le charme, oui son écriture est formidable à Serge Fauchereau... J'y ai perçu quand-même un peu de nostalgie de ces instants précieux de son adolescence... en tout cas je l'ai ressenti ainsi... mais une nostalgie constructive, il regarde en arrière pour mieux avancer.

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