Je précise bien que je vais parler du livre et NON pas du film dont j'attends la sortie DVD pour mieux l'apprécier.
Ce livre est un peu le livre du désespoir d'un jeune prof, un appel au secours au monde, petite bouteille à l'amer ballottée parmi les institutions. François voulait aider ses jeunes paumés, perdus mais pas du tout idiots. Il savait que derrière le masque de l'arrogance, de la provoc, il y avait un être humain qui désire qu'une seule chose : qu'on fasse attention à lui.
Le jeune prof n'est pas dupe de l'attitude de ces élèves et cherchera tous les moyens pour qu'ils s'intéressent au moins aux cours et c'est hélas un constat d'échec. Échec qui se situe à tous les niveaux :
Celle du corps enseignant qui ne cherche qu'à se transmettre toute une classe telle une patate chaude. Qui a baissé les bras, qui sont enfermés dans leurs propres murs de principes et convictions. Ou tout simplement ils sont devant un mur d'impuissance et de silence, pas du tout soutenus par leurs supérieurs hiérarchiques.
Celle des parents qui ne sont que mentionnés lors des rencontres entre parents/professeurs et surtout hélas ! lors des conseils de disciplines. On remarquera que François Begaudeau a voulu éviter le style trop caricatural des feuilletons qui ont marqué les années 70 "les pause café" ou "Joëlle Mazart". Les parents ne font qu'une brève apparition (D'où le titre "Entre les murs" qui n'évoque QUE ce qui se passe dans les murs du collège).
Celle des élèves. Sur ce coup la je ne vais pas vous faire le discours de l'échec scolaire trop souvent entendu mais sur le comportement idiot de ces jeunes qui n'ont pas pris les nombreuses perches que le prof leur tendait. Trop jeunes, pas assez éduqués sans doute. Trop enfermés eux aussi dans leurs murs construits par eux mêmes, dans leur monde ou le paraître, la loi du plus provocateur et la recherche maladive de la confrontation est leur leitmotiv. Ils ne se rendent même pas compte de la chance d'avoir un jeune prof prêt à les aider. Mais dans ce tableau assez sombre, se trouvent des petits rayons de soleils : les mots d'excuses maladroits certes mais que l'on ressent quand même une sincérité évidente.
Si j'étais prof, je lirai bien ce livre avant de le prendre comme prétexte à revendications car François n'est pas tendre avec le corps enseignant.
Sinon, je suis impatiente de voir le film pour comparer le livre et celui-ci car évidemment les adaptations peuvent être différentes. Le dernier exemple : 99 F. Et surtout pour voir si le dialogue suivant y est :
- M'sieur, c'est quoi le truc que vous avez dit tout à l'heure ?
- Quoi le truc ?
- J'sais pas, vous avez dit France et puis un autre truc, j'sais pas.
- J'ai du dire France et Vendée
- Voilà. C'est quoi s'truc vendée là ?
- C'est un département. C'est là ou j'suis né. C'que je voulais dire, c'est que je m'en fiche un peu.
- C'est loin ?
- Tu vois ce mur ? Eh ben c'est au-delà. Très très au-delà.
Katia est intervenue :
- C'est pas un peu chez les paysans, m'sieur ?
- Si si un peu.
Chassez le naturel, il revient au galop.
Par contre si vous voulez approfondir le débat à la suite de ce livre je vous conseille ce livre " Débuter dans l'enseignement" coordonné par Jean Luc Ubaldi ESF Éditeur (Pédagogies outils) avec une préface tout à fait émouvante de François BEGAUDEAU. Voici le lien ou vous le trouverez assez facilement dans le site d'ESF Éditeur.
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