Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

vendredi 8 août 2008

Quand la banalité du quotidien devient acte littéraire.



Au début de cette semaine, je suis allée avec mes enfants au parc de la Sablière qui se trouve à deux pas de chez moi. Une promenade toute banale, mes enfants étaient ravis de se défouler dans un coin calme encore (c'est le matin) et surtout ludique avec le parcours santé, les jeux qui leur sont destinés.

J'avais emporté du pain pour les canards et les oies. C'est la fête et du pur délire pour mes garçons de leur balançé ces morceaux de pains et de voir arriver les oies qui à force semblent nous reconnaitre.




Mais à chaque fois je pense à Salinger, l'écrivain le plus mystérieux du siècle car la seule chose que l'on sache de lui c'est qu'il est vivant dans un pavillon reculé dans la forêt du New Hampshire. Car depuis 1953 plus aucune nouvelle, il désire de quitter la scène médiatique afin de mieux s'isoler du monde. Seuls quelques photos volées, un livre écrit par sa fille Margareth et c'est tout.

Pourquoi dès que je vois des canards dans un parc je pense à ce grand monsieur : à cause d'une scène de l'attrape coeur (qui a été comme pour pas mal de génération LE livre de mon adolescence).

Holden Caufield, jeune ado fait une fugue à l'annonce de son renvoi de Princeton. Et parmi ses pérégrinations il se retrouve dans Central Park. Je vous ai retrouvé cette partie.

"J'ai passé toute ma vie à New York et je connais Central Park comme ma poche parce que j'y allais tout le temps faire du patin à roulettes quand j'étais môme et puis du vélo mais cette nuit -là j'ai eu un mal fou à trouver le lac. Je savais où il était - près de Central Park South et tout - mais j'arrivais pas à le trouver. Je devais être plus saoul que je pensais. J'ai marché marché et il faisait de plus en plus noir et 'était de plus en plus hallucinant. Tout le temps que j'ai été dans le parc j'ai pas vu un seul être humain. Et je m'en plains pas. Si j'avais rencontré quelqu'un j'aurais j'aurais probablement bondi plus d'un mile en arrière. Bon, quand même, le lac, je l'ai trouvé. Ce qu'y avait c'est qu'il était en partie gelé et en partie pas gelé. Mas j'ai pas vu les canards. J'ai fait tout le tour du foutu lac -à un moment j'ai même bien manqué de tomber dedans - mais j'ai pas vu un seul canard. J'ai pensé que peut-être, s'il y en avait, ils dormaient dans l'herbe et, tout au bord de l'eau. C'est comme ça que je suis presque tombé dedans. Mais les canards je les ai pas trouvés."

Savait il JD que des années après ses lecteurs se souviennent de ce passage dès qu'ils voient des canards ? Savait il qu'un écrivain-présentateur tv français fana de ses écrits allait venir sur les pas d'Holden et de celle de l'écrivain pour un documentaire "l'Attrape Salinger" (en DVD maintenant mais qui a été diffusé sur Canal Jimmy sur le Câble ou Canal Sat) ? Je veux causer de la fameuse interview surréaliste d'un canard par Frédéric BEIGBEDER...
Comme quoi il y a deux catégories de fanas de Salinger, ceux qui parlent aux canards et ceux qui leur donnent à manger...
Un geste banal qui en deviendrait doc un acte de littérature...

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