Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

dimanche 15 juin 2008

IL FAUT SAUVER LE SOLDAT NAULLEAU

"L'ennui dans ce monde, c'est que les idiots sont sûrs d'eux et les gens sensés pleins de doutes."
Bertrand Russel



Quand je termine un roman de François Nourissier, je suis dans le même état qu'Eric NAULLEAU. J'ai une sourde colère proche d'un certain désespoir. Oui je suis colère à cause de la dégradation culturelle de mon pays et de ses habitants.


François Nourissier, Mireille Calmel, Françoise Chandenagor ne se vendent pas tant que ça et par contre c'est le triomphe de la culture de bazar, les Marc Levy, Olivier Adam, Guillaume Musso, Lolita Pill (que pour cette dernière la modestie n'est pas une de ses principales vertus mais elle est encore jeune et les évènements de la vie se chargeront de lui apprendre les principes). Ces auteurs qui font un carton dans les supermarchés. Ah les supermarchés quels drôles d'endroits pour acheter des livres. J'imagine la ménagère de moins de 50 ans se pâmer devant le nouveau livre du Oh séduisant Levy entre deux rayons de produits alimentaires et produits d'hygiène. Le livre y est désacralisé, a perdu toute sa valeur. Comment peut on acheter du rêve, du beau dans ces endroits infernaux, bruyants, trop lumineux. Moi qui ait un contact charnel, qui adore renifler le livre, le caresser, l'apprivoiser comme un homme que l'on va aimer...

Enfin ! pour revenir à Eric, on le dit méchant alors qu'il dit tout haut ce que pas mal pensent. Il est vrai dans notre ère dirigée par l'hypocrisie, celui qui dit haut et fort la vérité est forcément une ordure, un méchant Que Cauet est un con, on le savait je pourrais citer Amélie Nothomb qui dit dans un de ses livres "J'insulte pas je diagnostique". Pauvre Cauet ! s'il le veut, il peut assurer une bonne carrière à son avocat, il n'a qu'à porter plainte contre tous ceux qui pensent que ses émissions sont nases, qu'il est un pauvre type... Cela en ferait pas mal de monde...

Que la mémère Boccolini pleure lors de sa remise à zéro de son livre, pauvre chérie comme le disait mon grand papa "Elle pissera moins". Y'EN A MARRE de ces people qui se font écrire des livres (il ne faut pas se leurrer ils emploient des nègres... qui comble d'ironie serait qu'ils soient payés au noir... MDR). Boccolini ne peut pas avoir des gosses à son âge, il fallait penser avant. Genest a des problèmes de poids, on s'en fout - si toutes les femmes écrivaient un livre sur ce problème les pauvres libraires ! Ils seraient envahis ! Quand ce n'est que pour cracher sur des parents, ou exploiter leurs malheurs... Je suis People, j'écris dont je suis...

Heureusement parmi ces célébrités il y en a qui font exception comme Pascal Sevran dont son journal annuel est loin d'être nul. Ses romans sont empreints d'une vraie sensibilité. Je veux causer aussi de Frédéric Mitterrand qui a su émouvoir avec ces destins tragiques en passant par le sien. Mais la cet homme est cultivé et a eu sa célébrité par la qualité de ses écrits ou émissions. Mention spéciale aussi pour Jean Claude Brialy... Mais ce genre de personnages se font rares et c'est bien dommage. Quand je pense que les Faudel, Christophe Mae, etc... ont envahis les étals de la soi disant culture.


Que dire des émissions TV on assiste à la Druckerisation... Seigneur ! Que Michel Drucker me pardonne mais par son attitude il est en grande partie responsable de ce désastre culturel... Et je trouve dommage que l'attitude de Michel Drucker ait influencé tous ces people. Tout le monde est sympa, tout le monde est talentueux non mais ça ne va pas la tête ! Le show biz n'est pas le paradis. Toutes ses paillettes dégoulinantes de trop politiquement correct a contaminé le cerveau de ces people dont on a plus le droit de leur dire euh ce bouquin, ce disque est moins bon, que sur scène c'était pas la forme... Sans avoir un procès pour diffamation aux fesses...Mais Nourissier décrit très bien cet état d'esprit dans son "Bar de l'Escadrille" et je me permets de vous recopier cette page tellement vraie, au moins mon texte aura servi à vous faire lire de la vraie littérature...


Mais tout cela n'est que l'épicerie du métier, son Café du Commerce. Pourquoi s'offusquer des ragots dont le bruit de la belote vespérale ? Autre chose est plus grave. Ces poux parasitent la création, les oeuvres, le coeur et le ventre des écrivains. Nous seuls qui savons tout de leurs faiblesses, illusions, héroïsmes, pouvons mesurer le décalage entre leur travail et la façon qu'on a d'en parler. Ce langage d'hippodrome ou de bourse... cette obsession des complaisances... Les écrivains, si l'on voulait vraiment les déshonorer, les humilier, il y aurait d'autres moyens, plus radicaux ou féroces, car ce sont de drôles de corps, pour ça oui ! Vulnérables, passablement ridicules. Les réduire définitivement au silence ne poserait aucun problème insoluble. Mais qu'on leur épargne une certaine bassesse, le vocabulaire des maquignons et des putes.


C'est la petite presse qui a fait le mal, les ricaneurs, les branleurs de secrets à deux sous. Une forme d'impuissance, peut être, ou ce terrible goût français de tout rapetisser. L'écrivain devient littérateur ; le livre, le bouquin ; l'information, écho ; la création, astuce ; l'amitié, le copinage. "Il en a mis un temps à pondre son bouquin !" On écrit ainsi, en crachotant, d'aucun autre métier. Si des gens du spectacle peut-être, enfin, de certaines gens. Parce qu'il viendrait à personne l'audace de traiter à la légère un metteur en scène, un virtuose, un chef d'orchestre. Des seigneurs ! Écoutez comme on parle d'eux : des maîtres, les grands chefs. On dirait des gosses bavant devant Oeil de Faucon ou Aigle noir. Étrange respect pour les exécutants. Maladie d'époque, difficile à expliquer. Autrefois un régisseur allumait les quinquets, plaçait les fauteuils ; le premier violon donnait la cadence ; la cantatrice ne soupait pas avec les invités. Désormais, triomphe des intermédiaires, des bricoleurs, art de seconde main. Je respecte davantage le moins vendu de mes romanciers, que le plus prestigieux interprète. Écrire, peindre, c'est sérieux. Risquer l'idée qu'on se fait de soir dans ces métiers de songe et de vent, c'est sérieux. Plus qu'une affaire de vélocité, de doigté, d'oreille, d'ascendant, de présence. La vraie présence, c'est l'oeuvre, et je ne vois pas en quoi un chef d'orchestre, par exemple, serait d'un métal plus précieux que l'entraîneur d'une équipe de football. Les footballeurs et les joueurs de tennis improvisent davantage, sont plus créateurs que les musiciens. Je développerais tout cela si j'écrivais ce livre. Et j'exagérerais, bien sûr, je grossirais le trait, non pas pour donner de la rondeur aux confidences ou aux paradoxes, mais pour parvenir à une sorte de classement, à une remise en ordre. Les métiers de la création - et parfois dans leur sillage les métiers, comme le mien, qui consistent à susciter puis à administrer la création - expriment une qualité de risque à quoi rien d'autre n'est comparable. A tout le moins les créateurs peuvent ils demander qu'on ne les traite en suspects.


Il me semble que je saurais expliquer tout cela, qui est fuyant, instable. Par exemple on pourrait croire que les critiques, qui sont à la fois des parasites et des zélateurs de la création, ses profs et ses prêtres, échappent aux simplifications. Il n'en ai rien. La part étant faite des sympathies et des antipathies idéologiques, reste que la critique s'abuse, déraille, se compromet, gonfle des baudruches, néglige la forêt et célèbre l'arbre. Non seulement elle ignore - ce qui ne serait pas trop grave : affaire de temps- mais elle se trompe. Inflation en tout genre. Manque de perspectives. La trompette au lieu du pipeau. Le langage de la haute couture pour vanter la salopette d'Uniprix. Vous en profitez me dira t"on. Oui dans l'hypothèse où je vendrai des salopettes.


Et je crierai Au secours Eric il sont devenus mous....




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