Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

vendredi 9 mai 2008

Il m'aimait .... Résurrection Christophe TISON



Exceptionnellement, je ne peux pas faire de critique ou donner on avis séparement quand je parle des 2 livres de Christophe Tison. Ils sont indissociables l'un de l'autre.

Le premier, Il m'aimait m'a surprise par sa densité. Tout d'abord seulement 120 pages et des petits chapîtres. Quand j'ai lu le résumé, j'avais la peur au ventre car traiter le problème de la pédophilie ce n'est pas évident. On tombe dans le voyeurisme, le cliché, le glauque assez facilement jusqu'à aller dans la victimisation la sensiblerie affichée... Or rien de tout ceci dans ce récit épouvantable... L'enfant abusé a laissé sa place à l'adulte traumatisé qui cherche encore des excuses à son agesseur... Ce qui pourrait pour un peu s'apparenter au syndrome de Stockholm, ce fameux syndrome qui fait que la victime se sent de plus en plus proche de son bourreau...

Quand on a fini ce livre, on se demande si l'adulte qu'est devenu Christophe Tison allait... S'il y en avait encore des séquelles de cette période traumatisante, l'inverse aurait tout à fait étonné... Puis il a eu la bonne idée d'écrire Résurrection...


On retrouve Christophe dans un Chateau, en cure de désintoxication, grossi et très angoissé
Un livre que tous devraient lire, pas complaisant sur le désamour de soi qui fait place tout d'abord à l'incrédulité d'être encore en vie, de ressentir ce sentiment de faire partie de la race des vivants et par l'association des petites bribes d'amours, ces petits riens qui font un tout : l'Amour. Cette force qui vous pousse à tenir le coup lors des periodes les plus noires et les coups de cafards. Ce sentiment qui vous aide dans ce chemin vers l'acceptation de soi avant, de s'aimer avant d'être capable d'aimer les autres.

Ce qui est fabuleux dans la générosité de Christophe Tison, qui n'est pas le narcissique que l'on pourrait croire (vous savez ce genre d'écrivain qui se regarde vivre ou écrire et qui en fait son fond de commerce). C'est un VRAI généreux dans sa nature la plus profonde ! Car tout le long de la lecture, on veut bien sur savoir si lui va s'en sortir mais surtout on s'interresse aux autres personnes du groupe, on voudrait avoir de leurs nouvelles ce qui est plutôt rare dans ce genre de livre. On s'inquiète pour Eva, on est ravi pour Naïla etc... Pour un peu on lui demanderait de faire un troisième tome dans 10 ou 20 ans pour savoir quel destin pour chacun de ces personnes.
En extrait ce passage absolument fabuleux ce conseil qui devrait être suivi par tous :
P114 : "Le rétablissment Christophe, le bonheur... C'est comme l'amour. Il faut parlois baisser les bras pour le trouver. Et puis, quan tu ne t'y attens pas et que tu cesses de le chercher comme un fou, quand tu es un peu vulnérable, il vient... il vient à toi. Tout seul. Enlève ta carapace, ton manteau, tout ce contrôle, et essaye d'être un peu vulnérable. Un peu... ouvert. Fais confiance". J'entendis les autres s'asseoir à table et m'appeler. Ils pensaient soudain à moi.
Je ne serai pas complête si je n'écrivais pas ce dernier couplet de la chanson "Je ne t'apprends rien" Duo de Jil CAPLAN et Jay ALANSKI.
Oh tu sais bien
Que la douceur que l'on envoie elle vous revient
Le cercle d'amour qu'on dessine autour des siens
Fait tant de bien
Tu le sais bien
Y'a tant de comptes à régler mais un beau matin
Le ciel noir se déchire et la lumière revient
Et tout est bien
Je ne t'apprends rien.
Merci à Fédéric Beigbeder d'avoir mis sous les projecteurs quelqu'un pour qui (après avoir lu ses livres) on est forcé d'avoir un certain attachement sincère...




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