Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

mercredi 26 décembre 2007

L'Exil et le Royaume Albert CAMUS


Avant de présenter ce livre, il faut que je plante le décor de la société Franco algérienne en 1957.
Les attentats terroristes prémices de la guerre d'Algérie (alors nommée hypocritement évènements d'Alger) sont de plus en plus intensifs...
Camus se retrouve au milieu de tout ceci indirectement. Il n'appréciera pas à leur valeur les motivations profondes de la Guerre d'Algérie. Il s'emploie activement à la Paix par une action politique et littéraire, en vain. Prenant conscience de l'issue de la guerre sur laquelle il n'a pas de prise, Camus choisit le silence.
Camus se refuse à être un guide politique. Même si et surtout si à la même époque les intellectuels s'engagent aux côtés des "opprimés algériens" et du mouvement de libération. Il refuse et ne peut choisir un camp au détriment de l'autre.
C'est dans un esprit plus que tourmenté qu'il acceptera le prix Nobel (alors qu'il trouvait Malraux plus méritant) le 17 octobre 1957.
Il écrit coup sur coup la Chute ainsi que ce recueil de nouvelles qui devait à l'origine compléter la Chute.


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J'aime pas trop cet exercice de style (les nouvelles) car il y a toujours une qui surclasse les autres (tout comme dans les cds).
Dire qu'on a accusé de silence Albert Camus ! Quel ironie car il y condamne l'arrogance des français, la torture, les humiliations faites au peuple algérien... On y retrouvera la permanente quête du Royaume, l'Exil ou tout serait Paix et Lumière (Ce royaume pouvait être à l'intérieur de chacun d'entre les humains...)
Mais une nouvelle a fait sensation et surpasse les autres "Jonas ou l'artiste au travail" qui ne peut que faire penser à son auteur. Tout y es : la vocation, les galères, la gloire, les courtisants, les élèves jusqu'au dégoût de la société car Jonas se réfugie dans une soupente pour aller travailler... La fameuse soupente qui peut représenter le silence d'Albert Camus de l'époque.
Et on y retrouve sans peine une des énigmes de l'oeuvre de Camus par cette phrase de fin :
"Dans l'autre pièce, Rateau regardait la toile, entièrement blanche, au centre de laquelle Jonas avait seulement écrit, en petits caractères, un mot que l'on pouvait déchiffrer, mais on ne savait pas s'il fallait y lire solitaire ou solidaire"

On comprend aisément l'engouement des éditions de livres de Poche qui ont édité cette seule nouvelle....

Je conseille ce livre à tous ceux qui connaissent un peu l'univers de Camus seulement.





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