"Des îles d'intensité, comme surgies du néant, des îles sur lesquelles il n'y avait pas d'édifices. Nous voguions de l'une à l'autre sur les pirogues de la littérature en pagayant comme des conspirateurs du troisième type. Notre idéal de destabilisation donnait à nos corps-à-corps un parfum d'anarchie qui ajoutait son feu à tous les mouvements qui nous rapprochaient".
Et si le véritable réseau social dans notre société était la passion pour quelque chose ? La littérature, la photographie, la musique ou sport... C'est que semble poser la question Antoni Casas Ros dans ce second roman (mais troisème livre).
Après Le Théorème d'Almodovar, Mort au Romantisme, l'auteur était attendu au tournant par ses lecteurs. On est souvent impatients de lire le second roman d'un jeune auteur pour vérifier si notre coup de coeur est le bon. Antoni a bien essayé de mettre le trouble en faisant paraître un recueil de nouvelles impossible de comparer au roman.
"Enigma" était attendue et le résultat dépasse nos espérance. Un vrai livre qu'on ne voudrait pas qu'il finisse. Une histoire de quatre solitudes qui vont s'emboîter les unes aux autres par passion de la littérature. Cette passion va bouleverser leurs destins.
Joaquim, le professeur d'Université atteint du syndrome "Enigma" qu'il va inoculer aux autres personnages. Ricardo le poète, Zoé l'étudiante en littérature et Naoki la nippone passionnée de poésie.
"Aujourd'hui je tremble, mon ventre se noue dès que je touche un livre et le paradoxe est que je ne peux vivre sans livres, donc sans souffrance. C'est comme cela j'en suis venu à en mutiler certains, à arracher les fins, à les souiller d'encre, à les jeter dans les poubelles, à verser sur eux de l'acide. C'est comme cela que je me suis brûlé la main droite sur laquelle une horrible tache violette me rappelle sans cesse que je dois retourner dans une librairie pour accomplir mon méfait."
Joaquim va donc ouvrir une librairie qui vendrait des livres ainsi estropiés, transformés... Avec l'aide des trois autres personnes. Ils iront jusqu'à cette renaissance du cercle des "Philosophes dans le boudoir"
Je me suis amusée à rechercher Antoni à travers chacun de ses personnages. J'ai toujours la conviction qu'un écrivain ou un poète se trahit toujours par ses mots. Il ne pouvait pas être Joaquim... Il est trop respectueux des ouvrages. Je l'ai recherché
Chez Naoki "Je ne me sens pas réellement concernée par le monde, mais l'observer avec minutie m'interesse au plus haut point"
Chez Zoé "Je tente de capter ce que les autres ne voient pas, je reste de longues heures à sentir la banalité du monde jusqu'au moment où il sse met à exhaler un parfum une fraîcheur qui se métamorphose en mots".
Chez Ricardo "L'écriture est un fragment infime de l'errance. Toujours un carnet en poche, je passais des heures aux terrasses des cafés, changeant de lieu avec le soleil et la température."
Antoni c'est même amusé en écrivant ce roman à y saupoudrer des petits clins d'oeil à ses lecteurs en s'autoflagellant, en se décrivant... Pour accentuer le mystère... Jusqu'à cette fin jubilatoire. Antoni s'en retourne dans son mystère avec un éclat de rire qu'on imagine.....
J'envie ceux qui vont découvrir l'univers de cet auteur... Il vont voyager dans un monde merveilleux, d'érotisme et de suspense. Le tout courronné d'une sublime plume... Un livre bouleversant et impressionnant qui se savoure au silence dès la dernière page lue...
Un livre qui porte bien son nom... J'attends désormais le suivant....
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire