Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

mercredi 23 décembre 2009

Un petit conte de Noël


Etudié en classe par mon fils Kévin....


LES SABOTS DE SABINE

Ecrit par Bernadette GARETTA



Le sabotier Jobic habite tout seul, dans une chaumière. Au –dessus de l’établi, Jobic a posé plusieurs paires de sabots : des petits, des moyens, des grands, tous beaux et solides. Ils sont pour Corentin, Yvon, Marie, pour les deux garçons de Louison, qui viendront chercher, tout à l’heure, leurs beaux sabots neufs de Noël, avant d’aller à la messe de minuit, tous ensembles, au village. Il fait très froid, le vent souffle : mais un bon feu brûle dans la cheminée. Jobic termine des sabots pour Pierre le menuisier. Clic, clac, pptt… Jobic fait voler les copeaux de bois. Il creuse, il forme, il lisse et il chante de tout son cœur.

Mais quel étourdi ! Pierre n’entrera jamais ses grands pieds dans ces sabots-là, si petits, si fins. Ils iraient plutôt à une fée ou à une petite fille, mais Jobic n’en connaît pas !
Alors, il range les jolis petits sabots et il dit en riant :

- Allons, à l’ouvrage, sinon Pierre n’aura pas ses sabots.

Clic, clac, pptt… La bille de bois prend forme dans les mains habiles de Jobic.
Toc, toc… On frappe à la porte. Ce sont les gens du hameau, bien enveloppés dans leurs mantes.

- Entrez, entrez, crie Jobic. Vos sabots neufs sont prêts. Mettez un fagot au feu et réchauffez-vous bien. J’ai presque fini les sabots de Pierre, mais regardez ce que j’ai fait : on dirait des sabots de poupée ! C’est trop petit pour toi, hein, Pierre ?

A ce moment –là, Janick dit :

- Ecoutez, je crois qu’on pleure dehors.

Jobic a juste terminé son sabot, il se précipite à la porte. Là, dans la boue et le froid, il y a une toute petite fille, pieds nus, mal habillée, gelée.

Vite, Jobic la prend dans ses bras et il la porte devant le bon feu. Marie l’enveloppe dans une mante, Joël fait chauffer un peu de lait. Yvon dit :

- C'est Sabine, la petite du moulin. Elle n’a plus ses parents et personne ne peut plus la garder.

Sabine se réchauffe tout doucement : elle boit un bon bol de lait, elle ne pleure plus maintenant. Alors Jobic prend sur l’étagère les deux jolis sabots et il les met aux pieds de Sabine. Les sabots lui vont parfaitement ! Sabine saute au cou de Jobic en lui demandant tout bas :

- Est-ce que je peux rester avec toi.

Et voilà, comment, un soir de Noël, deux petits sabots ont trouvé un emploi, une petite fille a trouvé une maison, et un bon sabotier a trouvé le bonheur.

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