Une dépêche AFP très touchante.
Claude Lévi-Strauss, un départ discret sans fleur, ni couronne
Claude Lévi-Strauss, un départ discret sans fleur, ni couronne
De Gérard DUBUS (AFP) – Il y a 5 heures
LIGNEROLLES — Seule une demi-douzaine de personnes ont assisté mardi matin aux obsèques du célèbre anthropologue Claude Lévi-Strauss dans le petit village de Lignerolles, en Côte d'Or, dont les habitants eux-mêmes n'avaient pas été informés.
Claude Lévi-Strauss a été inhumé dans la plus grande discrétion en présence de son épouse, de ses fils, Roland et Mathieu, de deux petits-enfants et du maire de Lignerolles, bourg de 50 habitants aux lisières de la Haute-Marne, Denis Cornibert.
"C'étaient ses dernières volontés: qu'il n'y ait personne à son enterrement et que l'on garde un silence absolu au moment de son décès. Ce ne fut pas facile", raconte Denis Cornibert à l'AFP, au lendemain des obsèques.
L'élu affirme avoir dû se cacher de ses administrés "trois jours durant", de la mort de M. Lévi-Strauss à son domicile parisien, le 30 octobre "à 18h15", aux obsèques "mardi à 11h30".
"Je me suis enfermé chez moi, je ne répondais plus au téléphone, j'avais promis à son épouse de ne rien dire, mais j'ai dû prévenir les fossoyeurs et je pensais que cela alerterait les gens du village", poursuit-il.
La discrétion a toujours été le maître-mot du grand scientifique lors de ses séjours, depuis 1964, dans cet endroit niché au milieu d'une verdoyante région, dont il était tombé amoureux au retour d'une de ses lointaines expéditions.
"Il n'aurait jamais voulu que sa présence dans le village change les habitudes de ses habitants", explique M. Cornibert qui se remémore l'emménagement du savant à "La Charmette", une grosse maison bourgeoise entourée d'un parc boisé de 9 hectares.
"J'avais juste 15 ans et je l'ai aidé à transporter une gazinière. Il m'avait alors remercié, avec une forte poignée de main dans laquelle se cachait un généreux pourboire. C'était la première fois de ma vie que j'en touchais un", se rappelle-t-il.
M. Cornibert se souvient aussi des "longues promenades solitaires" en forêt de Claude Lévi-Strauss, de ses "cueillettes de champignons" dont "il connaissait chaque nom" et qu'il n'hésitait pas "à croquer tout cru" pour prouver qu'ils étaient comestibles.
"On avait le même amour de la nature et la même horreur des nouvelles technologies", conclut le maire.
Son prédécesseur Jean Leblond, ne se remet pas lui, de ce "départ en catimini" du centenaire du village.
A 82 ans, celui qui occupa la mairie jusqu'en 2001 l'a appris "par une incrustation sur des images d'Itélé mardi soir, comme les autres habitants" souligne-t-il.
"Il aimait tant notre village, il venait même au vin d'honneur du 14 juillet", se souvient l'ancien maire.
"Pour nous c'est la gloire du village qui s'en va", regrette-t-il.
Seule une modeste plaque dorée au nom de "Claude Lévi-Strauss - 1908-2009 - a été posée sur le monticule de terre, sous lequel repose l'anthropologue au petit cimetière de Lignerolles
LIGNEROLLES — Seule une demi-douzaine de personnes ont assisté mardi matin aux obsèques du célèbre anthropologue Claude Lévi-Strauss dans le petit village de Lignerolles, en Côte d'Or, dont les habitants eux-mêmes n'avaient pas été informés.
Claude Lévi-Strauss a été inhumé dans la plus grande discrétion en présence de son épouse, de ses fils, Roland et Mathieu, de deux petits-enfants et du maire de Lignerolles, bourg de 50 habitants aux lisières de la Haute-Marne, Denis Cornibert.
"C'étaient ses dernières volontés: qu'il n'y ait personne à son enterrement et que l'on garde un silence absolu au moment de son décès. Ce ne fut pas facile", raconte Denis Cornibert à l'AFP, au lendemain des obsèques.
L'élu affirme avoir dû se cacher de ses administrés "trois jours durant", de la mort de M. Lévi-Strauss à son domicile parisien, le 30 octobre "à 18h15", aux obsèques "mardi à 11h30".
"Je me suis enfermé chez moi, je ne répondais plus au téléphone, j'avais promis à son épouse de ne rien dire, mais j'ai dû prévenir les fossoyeurs et je pensais que cela alerterait les gens du village", poursuit-il.
La discrétion a toujours été le maître-mot du grand scientifique lors de ses séjours, depuis 1964, dans cet endroit niché au milieu d'une verdoyante région, dont il était tombé amoureux au retour d'une de ses lointaines expéditions.
"Il n'aurait jamais voulu que sa présence dans le village change les habitudes de ses habitants", explique M. Cornibert qui se remémore l'emménagement du savant à "La Charmette", une grosse maison bourgeoise entourée d'un parc boisé de 9 hectares.
"J'avais juste 15 ans et je l'ai aidé à transporter une gazinière. Il m'avait alors remercié, avec une forte poignée de main dans laquelle se cachait un généreux pourboire. C'était la première fois de ma vie que j'en touchais un", se rappelle-t-il.
M. Cornibert se souvient aussi des "longues promenades solitaires" en forêt de Claude Lévi-Strauss, de ses "cueillettes de champignons" dont "il connaissait chaque nom" et qu'il n'hésitait pas "à croquer tout cru" pour prouver qu'ils étaient comestibles.
"On avait le même amour de la nature et la même horreur des nouvelles technologies", conclut le maire.
Son prédécesseur Jean Leblond, ne se remet pas lui, de ce "départ en catimini" du centenaire du village.
A 82 ans, celui qui occupa la mairie jusqu'en 2001 l'a appris "par une incrustation sur des images d'Itélé mardi soir, comme les autres habitants" souligne-t-il.
"Il aimait tant notre village, il venait même au vin d'honneur du 14 juillet", se souvient l'ancien maire.
"Pour nous c'est la gloire du village qui s'en va", regrette-t-il.
Seule une modeste plaque dorée au nom de "Claude Lévi-Strauss - 1908-2009 - a été posée sur le monticule de terre, sous lequel repose l'anthropologue au petit cimetière de Lignerolles
Note de Sab : A quoi on reconnait les grands hommes, par leur capacité à rester humbles. Cela me fait penser au grand Georges Clemenceau qui disait à son entourage "Pour mes obsèques, je ne veux que le strict nécessaire, c'est-à-dire moi".
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