Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

jeudi 17 septembre 2009

"La tangente" Amina Danton

Cette jeune femme, Amina Danton, un nom que je n'oublierai pas de sitôt...



Mon coup de coeur de cette rentrée littéraire.


Je ne dois que remercier cette jeune auteur qui a écrit un livre si juste, si vrai. Le livre que l'on aura pas fini de relire car tellement riches en réflexions sur l'importance des apparences (souvent trompeuses), la poursuite de nos rêves et la fragilité des sentiments humains.

L'héroïne, mal aimée par sa mère, de père inconnu se réfugie dans la littérature et la nourriture jusqu'à en devenir "un bébé joufflu" comme elle se décrit :

"Rester parfaite pour que ma mère puisse vivre, quitte à me supprimer moi-même : j'ai donc basculé dans mon monde où les livres étaient des sentinelles, des passeports, des talismans. Il n'y eut que des livres dans ma vie, à part ma mère, et puis Yann, que j'ai connu en quatrième et qui m'aidait à résoudre mes problèmes en mathématiques, sans jamais s'énerver."

Son livre fétiche : La vie rêvée d'un certain Pierre R. Elle lui écrit de longues lettres d'admiratrice, arrive à avoir un rendez vous avec lui et croit que sa vie va changer du tout au tout dès l'instant de cette rencontre. Mais Pierre R, auteur à succès est un collectionneur de ... belles aventures avec de belles femme et reste décontenancé face à l'héroïne, une jeune femme maladroite, grosse et pas du tout à son goût. Il la laisse sur place... Et pour l'héroïne commence le combat contre elle, se crée un personnage de Génica, femme fatale, idéale, belle pour retrouver Pierre R. Mais ne va-t-elle au devant d'autres déceptions ?


"Le rêve qui avait pris ma vie était toute ma vie. Sans Génica, sans Pierre R au firmament de mes jours, elle aurait été soudain fauchée par l'absurdité. L'absurdité était pour moi une chose très réelle, très menaçante, qui pouvait tomber du ciel comme de la grêle et bousiller les récoltes. Mais si je ne savais pas me mettre nue, Génica n'existerait pas totalement, elle ne pouvait pas convaincre l'écrivain. En m'abritant derrière elle, je creusais ma tombe. Mais je voulais qu'elle existe. Je n'allais tout de même pas redevenir une grosse fille abandonnée sur son trottoir. J'étais devant Serve pour me muscler, pour avoir la force de revenir un jour dans la vie de Pierre R"

Amina a donc écrit un premier livre prometteur car cette jeune femme a du talent. Un style maîtrisé. Rien n'est de trop dans ce livre dense. Je suis encore une fois désolée que les médias ne se penchent pas plus sur ce livre. Il pose tant de questions essentielles de notre société obnubilée par les apparences, la fausseté des relations humaines. Les combats, les remises en cause de nos existences... Cioran avait raison de citer dans son fabuleux livre "de l'inconvénient d'être né " Certains ont des malheurs . D'autres, des obsessions. Lesquels sont le plus à plaindre ? Amina dans ce premier livre nous en livre les pistes de début de réponses...


"La mélancolie me le rendait transparent, comme vaporisé soudain sur ma propre peau, ma seconde peau exacte. La déception inévitable qui donnait corps à Génica, c'était LUI. L'implacable réalité de cette déception, LUI encore. La cruelle nécessité de m'en protéger, LUI, LUI, LUI et LUI : voilà pourqouoi je ne pouvais pas m'échapper de Genica : elle avait rendu la réalité hostile. Partout. Tout le temps. Je nous voyais elle et moi prendre l'eau à cette table, je sentais la gravité de mes larmes à Venise, le silence et le vide de mes photographies dont il ne saurait jamais rien. J'étais seule avec lui comme j'étais seule avec elle et cette solitude les unissait en moi. J'étais un simple trait d'union et la solitude dansait."


A vous de les trouver dans ce roman pas banal !!!!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci à vous, Sabine, pour votre lecture, j'en suis très touchée et honorée. Je suis sûre qu'elle me portera chance.
Bien à vous
Amina Danton

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