Yves Viollier "Raymonde"

"Oh Dieu, pourquoi donc en mourant ne nous as-tu pas mués en dieux ! Ma trajectoire quand je m'éfforce de toute mon âme de la maintenir en droit ligne, si je me retourne elle ressemble à ces sillages laissés par les avions, dont le trait un instant précis, peu à peu se dissout, devient flou. Et tout est à refaire, tout s'efface, tout se ternit. Seigneur, donne moi un bout de ton crayon à la pointe si bien taillée, et guide ma main, que je fasse le portrait de ta création, que ce que j'écris te ressemble" Yves Viollier "Raymonde"



"Il va sans dire que la vie n'étant pas une bibliothèque rose elle ne respecte guère ces intentions édifiantes" François Nourissier in "Musée de l'homme"

mercredi 25 juin 2008

"La littérature sans estomac" Pierre JOURDE


Voila un livre que tout amoureux des livres se doit de lire. Il aide à se frayer un chemin entre la "fausse" littérature et "la vraie". Les livres et les auteur qu'on peut lire et les autres qu'on se doit d'éviter... Car il est vrai qu'il y a des livres qui ne méritent pas tant qu'on perde son temps à les lire ni leurs prix...


Pierre Jourde nous donne les clefs indispensables à une bonne critique sincère et argumentée. Comme par exemple ce classement didacticiel : Écriture Rouge, Écriture Blanche, Écriture Écru (pour en savoir plus lisez donc ce livre). Il nous expose par des exemples tiré u lot des phénomènes soi disant littéraires actuels tel que Michel Houellebecq, Frédéric Beigbeder (la j'applaudis des deux mains la caricature de la ménagère de moins de 50 ans fana de l'écrivain. Je m'y suis retrouvée totalement, franchement hilarant et tellement proche de la vérité)


Les éditeurs devraient avoir lu ce livre et comprendre, constater les dégâts qu'ils causent par la publication de certains livres pipolades ou pseudo écrivains phénomènes. Cela éviterait pas mal d'ennuis, de prises de têtes de la part des des libraires. Pauvres libraires ! Pris en tenaille par d'un côté des éditeurs qui les somment de vendre, de bien exposer, de mettre en valeur leurs poulains et de l'autre par les critiques qui les accusent grâce à cette collaboration de détruire la littérature. Sans oublier les lecteurs qui se classent en 2 catégories :


- ceux qui foncent sur le premier phénomène littéraire et qui sont capable de dire que LEVY, MUSSO, GAVALDA sont des immenses écrivains... Ce sont des lecteurs superficiels, les fameuses ménagères si bien décrites par Frédéric Beigbeder dans la première partie de 99 F victimes du bourrage de crâne des pub TV, des soit disant conseils de certaines presses féminines ...


- Ceux qui fouinent, qui recherchent la perle rare, la sensation, la découverte qui sont exigeants (je fais partie de cette catégorie). On est toujours à la recherche du FABULEUX livre qui nous clouera KO. On passe notre vie à chercher mais j'ai espoir car souvenez vous de la fameuse phrase d'Amélie Nothomb "Il n'y a pas de plus grand bonheur dans la vie que de trouver le livre de sa vie".
Ce livre ne contient pas seulement une assez vaste théorie mais Pierre JOURDE tient à nous exposer les fait en se penchant sur certains cas d'écrivains, Roze, Darrieusecq etc...

Merci à Pierre JOURDE de nous avoir ouvert les yeux... Comme je remercie Eric NAULLEAU d'être toujours aussi intègre dans ses jugements... D'ailleurs je retrouve l'esprit Naulleau dans ce passage....


P 25


" L'éloge unanime sent le cimetière. La critique contemporaine est une anthologie d'oraisons funèbres. On ne protège les espèces en voie d'extinction. Dans le monde mièvre de la vie littéraire contemporaine, les écrivains, mammifères bizarres, broutent tranquillement sous le regard des badauds, derrière leurs barreaux culturels. Dans leurs songes, "il dérangent", il gênent le pouvoir et perturbent l'ordre établi, comme ne cesse de le répéter Philippe Sollers. En fait, personne ne les agresse, ils ne font pas de mal à personne. On emmène les enfants les voir, pour qu'ils sachent que ces bêtes-la ont existé.


Une littérature sans conflit peut paraître vivante, mais ce qui frémit encore, c'est le grouillement des intérêts personnels et des stratégies, vers un cadavre. Les suppléments littéraires des grands quotidiens en sont l'éloquente illustration, pour lesquels tout est beau, tout est gentil. A les lire, on se jetterait sur toutes les publications récentes. Ceux qui leur ont fait un peu confiance savent quelles régulières déconvenues cela leur a valu.


Pourquoi donc le fait de signaler les oeuvres de qualité empêcherait-il de désigner clairement les mauvaises ? Jamais les librairies n'ont été aussi encombrées d'une masse de toujours mouvante de fiction. Il faut donner des raisons de choisir. Ce devoir est devenu d'autant plus impératif que les produits frelatés. Des lecteurs de bonne foi lisent ces textes et se convainquent de la "la vraie littérature" est celle-là. Or une chose écrite n'est pas bonne à lire par le seul fait qu'elle est écrite,comme tendraient à le faire croire les actuels réflexes protecteurs du livre.


Tout texte modifie le monde. Cela diffuse des mots, des représentations. Cela, si peut que ce soit, nous change. Des textes factices sans probité, des romans stupides ne restent pas enfermés dans leur cadre de papier. Ils infectent la réalité. Cela s'appelle un antidote verbal."

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