Le château des Rochettes est situé non loin de la route de La Ferrière. Il était, à l'époque de Baumann, sur la commune du Bourg-sous-la-Roche.
La ville, un roman, son auteur.
Ange noir, Baumann ?
Une sombre intrigue
Cet agrégé de lettres n'était pas Vendéen. Né à Lyon, il fut nommé professeur de seconde au lycée de La Roche-sur-Yon en 1901. Un poste pour réprouvés de la IIIe République. Par ses idées antilaïques, Émile Baumann a déjà reçu un blâme du ministre de l'Éducation, a été balloté à Roanne, Nice, Alger, Mâcon... À La Roche-sur-Yon, il restera six ans. Il n'est pas encore un auteur naturaliste à succès, un « Zola mystique » paraissant chez Grasset, rangé parmi « les plus fameux écrivains de la Renaissance catholique », puisque L'immolé est publié en 1908 et La fosse aux lions en 1911.
Pour résumer cette Fosse : un comte tue son petit-fils sur sa propriété, pendant le déroulement d'une cérémonie de mission pastorale. L'intrigue développée est sombre, hantée par la folie, meurtrière ; et les fils s'y nouent à Nesmy, Aubigny, Les Sables- d'Olonne, l'Île d'Yeu et La Roche-sur-Yon, plus précisément au Bourg-sous-La-Roche, alors commune.
La Roche, « casernement géométrique de bureaucrates »
Dans ce mélodrame habité par la hantise de l'enfer, le comte est obsédé sexuel et alcoolique. Une chambrière souffre des mêmes affres. Ils termineront tous deux enfermés à « l'asile de la Grimaudière », comme on disait alors.
L'hôpital psychiatrique (désormais centre hospitalier spécialisé Mazurelle) est largement mis en scène, avec le fameux docteur Cullère. Tout comme le château des Rochettes, ce logis situé sur la route de La Ferrière, et la ferme des Coûts, sur la route de Luçon, disparue en 1970, lieu désormais occupé par une carrière et l'entreprise Vendée-Béton.
Mais si Baumann aime la Vendée et les Vendéens, il déteste, en revanche, La Roche-sur-Yon. Dans ce roman, il décrit le chef-lieu comme « un casernement géométrique de bureaucrates, sorte de défi qu'infligea le caporalisme césarien à la Vendée libre, dont les voies alignées au cordeau se coupent autour du Napoléon raide, commandant du centre de la place les quatre points de l'étendue... »
La charge est lourde. Mais elle est signée Baumann, qui remettra ça dans ses mémoires qu'il publiera, en revenant longuement sur son séjour vendéen, évoquant La Roche-sur-Yon et sa « géométrie despotique, résultant d'un culte irraisonné de l'antiquité gréco-romaine »
Philippe GILBERT.
• On peut encore trouver La Fosse aux lions chez des bouquinistes, en fouinant sur internet également. Il est paru chez Grasset, mais aussi dans la Collection Nelson. Il est possible que Geste Editions envisage sa réédition. A Geste toujours, lire, bien sûr, Mémoire populaire des Vendéens, de Michel Gautier. Prix : 25 €.
A suivre demain, Jacques Syregeol, météore yonnais du polar.
Ouest-France
Émile Baumann, un ange noir sur la ville
La ville, un roman, son auteur.
La fosse aux lions, sorti en 1911, se passe essentiellement à La Roche. Son auteur en était Émile Baumann, un « Zola de droite ».
Pour redécouvrir l'écrivain Émile Baumann (1868-1941), rien ne vaut cet autre écrivain qu'est Michel Gautier et sa Mémoire populaire des Vendéens (Geste Éditions), prix des écrivains en 2006. Dans cet ouvrage de référence, Gautier consacre deux chapitres à Baumann, cet « ange noir » de la littérature, ce « Léon Bloy en moins anar », dont un de ses chefs-d'oeuvre est La fosse aux lions, dont l'action se situe intégralement en Vendée.
Pour redécouvrir l'écrivain Émile Baumann (1868-1941), rien ne vaut cet autre écrivain qu'est Michel Gautier et sa Mémoire populaire des Vendéens (Geste Éditions), prix des écrivains en 2006. Dans cet ouvrage de référence, Gautier consacre deux chapitres à Baumann, cet « ange noir » de la littérature, ce « Léon Bloy en moins anar », dont un de ses chefs-d'oeuvre est La fosse aux lions, dont l'action se situe intégralement en Vendée.
Ange noir, Baumann ?
Au Bourg-sous-la-Roche, l'école publique porta longtemps son nom, celle de la rue où elle était située, la rue Émile-Baumann... Jusqu'à ce qu'en 2000, sous la pression des parents d'élèves, l'école Baumann devienne l'école Marcel-Pagnol. Dame, rappelle Gautier, ces parents avaient découvert que le sieur Baumann, professeur de français au lycée de La Roche, était « un monarchiste, un catholique exigeant et un traditionaliste convaincu ». Et ce n'est pas tout : il fut aussi antidreyfusard, anti-franc-maçon, parmi les tout premiers abonnés de la revue de l'Action française et eut le temps de se réjouir, en 1941, peu avant sa mort, d'un retour vers l'ordre ancien : « A défaut d'un roy, on a un maréchal !... Et un gouvernement capable de réparer 150 ans d'aberrations ! » Si la messe n'est pas dite...
Une sombre intrigue
Cet agrégé de lettres n'était pas Vendéen. Né à Lyon, il fut nommé professeur de seconde au lycée de La Roche-sur-Yon en 1901. Un poste pour réprouvés de la IIIe République. Par ses idées antilaïques, Émile Baumann a déjà reçu un blâme du ministre de l'Éducation, a été balloté à Roanne, Nice, Alger, Mâcon... À La Roche-sur-Yon, il restera six ans. Il n'est pas encore un auteur naturaliste à succès, un « Zola mystique » paraissant chez Grasset, rangé parmi « les plus fameux écrivains de la Renaissance catholique », puisque L'immolé est publié en 1908 et La fosse aux lions en 1911.
Pour résumer cette Fosse : un comte tue son petit-fils sur sa propriété, pendant le déroulement d'une cérémonie de mission pastorale. L'intrigue développée est sombre, hantée par la folie, meurtrière ; et les fils s'y nouent à Nesmy, Aubigny, Les Sables- d'Olonne, l'Île d'Yeu et La Roche-sur-Yon, plus précisément au Bourg-sous-La-Roche, alors commune.
La Roche, « casernement géométrique de bureaucrates »
Dans ce mélodrame habité par la hantise de l'enfer, le comte est obsédé sexuel et alcoolique. Une chambrière souffre des mêmes affres. Ils termineront tous deux enfermés à « l'asile de la Grimaudière », comme on disait alors.
L'hôpital psychiatrique (désormais centre hospitalier spécialisé Mazurelle) est largement mis en scène, avec le fameux docteur Cullère. Tout comme le château des Rochettes, ce logis situé sur la route de La Ferrière, et la ferme des Coûts, sur la route de Luçon, disparue en 1970, lieu désormais occupé par une carrière et l'entreprise Vendée-Béton.
Mais si Baumann aime la Vendée et les Vendéens, il déteste, en revanche, La Roche-sur-Yon. Dans ce roman, il décrit le chef-lieu comme « un casernement géométrique de bureaucrates, sorte de défi qu'infligea le caporalisme césarien à la Vendée libre, dont les voies alignées au cordeau se coupent autour du Napoléon raide, commandant du centre de la place les quatre points de l'étendue... »
La charge est lourde. Mais elle est signée Baumann, qui remettra ça dans ses mémoires qu'il publiera, en revenant longuement sur son séjour vendéen, évoquant La Roche-sur-Yon et sa « géométrie despotique, résultant d'un culte irraisonné de l'antiquité gréco-romaine »
Philippe GILBERT.
• On peut encore trouver La Fosse aux lions chez des bouquinistes, en fouinant sur internet également. Il est paru chez Grasset, mais aussi dans la Collection Nelson. Il est possible que Geste Editions envisage sa réédition. A Geste toujours, lire, bien sûr, Mémoire populaire des Vendéens, de Michel Gautier. Prix : 25 €.
A suivre demain, Jacques Syregeol, météore yonnais du polar.
Ouest-France
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