J'adore ce présentateur tout à fait attachant et délirant. Il anime "Inside the Actor studio" dans les locaux même de la fameuse école de Théatre New Yorkaise ou les Strasberg enseignait leur fameuse méthode de faire l'acteur. Marylin, les grandes vedettes y sont passés.
L'Américain James Lipton tombe, au hasard d'un zapping, sur une émission d'une chaîne câblée où il voit des Français discuter autour d'un bon vin. « Ah, dit-il, il y en a qui prennent du bon temps ! ». Il regarde machinalement l'émission, qui est sous-titrée. Il découvre que la conversation se déroule à bâtons rompus, qu'il s'y dit des choses concernant des sujets inattendus, que l'émission possède un « fond », contrairement à ce qu'il a vu jusqu'à présent (où un artiste ne passait à la télévision que pour faire une promotion de sa dernière œuvre, selon lui). « Voilà la télé qu'il faut faire ! », s'exclame-t-il, et il crée sous cette inspiration son émission Inside the Actor's Studio, au succès qui le rend célèbre.
Invariablement, en fin d'émission, il soumet ses invités à un questionnaire, qui est celui du great Bernard Pivot, in Apostrophes and Bouillon de culture (il reprend délibérément cette expression rituelle à chaque fois). Celui-ci en effet avait imaginé un petit questionnaire à la manière de Marcel Proust qu'il pose rituellement aussi à ses invités. James Lipton n'en a modifié qu'une question : « Si Dieu existe, qu'aimeriez-vous qu'il vous dise le jour de votre mort ? », jugée trop brutale pour ce public et remplacée par « Si le paradis existe, qu'aimeriez-vous que Dieu vous dise le jour de votre mort ? », plus acceptable pour ce même public.
La chose finit par arriver aux oreilles de Pivot, qui regarde l'une des émissions de Lipton à son tour et s'étonne de constater que son travail inspire un alter ego en Amérique du Nord.
Lors de la préparation de la dernière de « Bouillon de culture », il envoie une lettre à James Lipton - qu'il n'a jamais rencontré personnellement - commençant par « Cher ami-rateur ». Il l'invite à l'émission de clôture. Lipton accepte avec enthousiasme. « Moi, passer chez Pivot ? », déclare-t-il à la presse française qui l'interroge sur le sujet, « Mon cœur risque de s'arrêter net ! ». En fait, il ne se passe pas grand-chose entre les deux animateurs : chacun des deux y semble bien trop impressionné par l'autre pour être vraiment à l'aise. Mais cette émission est vue comme une sorte de passage de flambeau entre les deux hommes, ainsi que comme une rencontre culturellement historique et symbolique.
James Lipton cherche actuellement à faire doubler en anglais les émissions existantes d’Apostrophes et Bouillon de culture, le public américain n'aimant guère lire des sous-titres. Le succès mondial d’Inside the Actor's Studio ayant déjà attiré la curiosité sur le nom de Pivot de la part d'un public qui ne l'a jamais vu, il se dit persuadé que celles-ci, vu leur qualité, pourraient elles aussi plaire à un public mondial, et peut-être même créer des émules...
Mais ce programme est seulement diffusé en pleine nuit sur Paris Première (00 h 50)
Voici un extrait d'une émission consacrée à Hugh Laurie